Fédérés pour la première fois depuis 2015 dans un front syndical uni, les praticiens réclament entre autres une hausse du prix de la consultation de 25 à 50 euros indispensable selon eux pour maintenir l'attractivité d'une profession vieillissante.
«Donnez-nous les moyens de vous soigner demain» : le slogan, parmi d’autres, a été lancé par les médecins généralistes à l’occasion d’une grève de deux jours, les 1er et 2 décembre, qui se traduit par la fermeture de nombreux cabinets.
Pour la première fois depuis 2015, un très large front syndical appelle à la grève pour faire pression sur l’exécutif. Particulièrement suivi, le mouvement a été initié par le collectif «Médecins pour demain» qui a rassemblé en quelques semaines près de 15 000 membres sur Facebook. Ce succès reflète la colère grandissante qui se répand parmi les praticiens libéraux en exercice, la revendication centrale portant sur le doublement du tarif de la consultation de 25 à 50 euros, ce qui a permis de rallier les différents syndicats.
Ceux-ci, soutenus par l’Ordre des médecins, y voient un moyen de peser dans la négociation ouverte avec l’Assurance-maladie en vue d’un nouvel accord pour les cinq prochaines années.
«50 euros, ça peut paraître complètement fou mais c’est un point sur l’horizon pour s’approcher de la moyenne européenne» du tarif de consultation, qui s’établit aux alentours de 45 euros, fait valoir Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML). A titre de comparaison, relève La Croix, leurs confrères anglais sont «les plus chers d’Europe» en facturant la consultation entre 95 et 135 euros, les praticiens allemands 75 euros et les Portugais 40 euros.
La hausse des tarifs est présentée par les syndicats comme une nécessité pour créer un «choc d’attractivité» vers la médecine de ville qui se trouve selon eux écrasée par les tâches administratives au détriment du soin et qui peine désormais à attirer les jeunes.
«Des milliers de cabinets médicaux seront fermés», assure Médecins pour demain, annonçant un rassemblement devant le ministère de la Santé le 1er décembre. Une vingtaine d’actions sont annoncées dans d’autres grandes villes, devant des caisses d’assurance maladie, des agences régionales de santé, des centres de transfusion sanguine.
Les médecins menacent d’une «grève dure et illimitée» au lendemain de Noël
Le 30 novembre, l’Assurance-maladie a écrit aux praticiens pour «réaffirmer le rôle central du médecin généraliste traitant dans le parcours de soins». Sans s’engager sur un montant, elle s’est dite prête «à revaloriser les tarifs des actes et consultations», dans un courrier de son directeur général Thomas Fatôme.
Ce dernier a confirmé cet engagement de principe sur France Info ce 1er décembre en soulignant que les médecins sont «la clé de la santé des Français», toujours sans préciser à quelle hauteur cette revalorisation pourrait être effectuée. Selon Thomas Fatôme, le doublement réclamé par les médecins est «considérable» et coûterait environ 7 milliards d’euros. «Si nous ne sommes pas entendus, nous appellerons à la grève dure et illimitée à partir du 26 décembre», a d’ores et déjà prévenu Médecins pour demain.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a indiqué ce 1er décembre sur BFM TV qu’il souhaitait laisser «l’Assurance-maladie travailler avec les syndicats» en évoquant «un coup de pression» de la part des professionnels à l’occasion de ces négociations conventionnelles. Il a néanmoins affirmé comprendre «parfaitement le stress, voire la détresse dans laquelle se trouvent un certain nombre de nos médecins». Son successeur au ministère de la Santé François Braun est, d’après son cabinet, «à l’écoute des médecins libéraux», mais sera cependant «particulièrement attentif» à ce que «la continuité des soins des Français soit assurée», ce qui pourrait se traduire très concrètement par des réquisitions.
Au-delà du sujet financier, les médecins s’inquiètent pour leur liberté d’installation, de plus en plus remise en question, notamment au Parlement où s’accumulent les propositions de loi sur les déserts médicaux. Ce remède à un problème majeur pour des millions de Français a même été soutenu par une coalition transpartisane inédite allant de la Nupes aux Républicains, relevait Mediapart fin octobre.
Le front de la colère médicale comprend aussi l’intersyndicale nationale des internes (Isni), toujours mobilisés contre l’ajout d’une dixième année d’études pour les futurs généralistes. Autre profession mécontente, les biologistes libéraux : pointés du doigt par le gouvernement pour leurs profits records engrangés grâce aux tests massifs réalisés pendant la crise du Covid-19, ils refusent la ponction de 250 millions d’euros par an sur les autres examens qu’exige le gouvernement et ont annoncé se mobiliser du 1er au 3 décembre.
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