Alors que Kiev demande instamment des missiles Patriot pour contrer les frappes russes, Berlin n'est plus en mesure d'en fournir et cherche d'autres pistes à travers le monde pour en livrer à l'Ukraine.
La Russie veut «bombarder Kharkov jusqu’au sol, nous devons faire davantage», a estimé le 9 avril la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, citée par NTV, avant d’ajouter : «Malheureusement, les réserves de nos propres systèmes Patriot sont désormais pratiquement épuisées».
Baerbock se confiait alors à la presse après une rencontre avec son homologue moldave Mihail Popsoi à Berlin.
«Un aperçu de tous les systèmes Patriot en Europe et dans le monde est nécessaire pour voir d’où quelque chose peut être livré rapidement en Ukraine», a-t-elle poursuivi, déclarant espérer que «nous pourrons fournir publiquement davantage d’informations lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7», prévue le 17 avril à Capri en Italie.
Les États-Unis sont, depuis décembre 2022, les premiers fournisseurs de ces systèmes de missiles guidés Patriot à Kiev, fabriqués par l’entreprise Raytheon. Mais en octobre 2023, le chancelier allemand avait annoncé une nouvelle livraison de l’un d’entre eux, après une première aide en avril de la même année. La Pologne avait d’ailleurs demandé à Berlin de livrer à Kiev les systèmes que l’Allemagne devait initialement lui céder. En janvier 2023, les Pays-Bas ont aussi indiqué livrer deux lanceurs.
Mais la question des munitions continue à se poser, et les quantités livrées sont insuffisantes au regard de la consommation des défenses aériennes ukrainiennes. Volodymyr Zelensky a exigé à plusieurs reprises davantage de systèmes et de missiles Patriot.
«Mes collègues me disent : c’est compliqué ce que tu demandes», regrette Kouleba
Le 4 avril dernier lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba s’est avoué «fatigué de devoir toujours convaincre» ses alliés de la nécessité de prendre des «décisions rapides, concrètes et fortes» pour soutenir son pays, au cours d’une intervention par visioconférence à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
«À l’OTAN, je n’ai eu qu’un sujet de discussion : les Patriot», a-t-il encore déclaré. «Mes collègues me soutiennent mais ils me disent : c’est compliqué ce que tu demandes», a poursuivi le ministre ukrainien. Avant d’ajouter : «Je suis persuadé que s’ils avaient passé une nuit à Kharkov, ils ne diraient pas que c’est compliqué.»
L’armée russe a annoncé la destruction de trois systèmes Patriot
À la pénurie de missiles s’ajoutent aussi les frappes russes : au mois de mars, l’armée russe revendiquait la destruction de trois systèmes Patriot.
La situation sur le front est particulièrement difficile pour les troupes ukrainiennes depuis l’échec de leur contre-offensive estivale en 2023. L’armée russe a repris l’initiative depuis l’automne après avoir brisé la tentative ukrainienne, et les troupes de Kiev souffrent d’une pénurie d’hommes et de munitions. Ce 7 avril, Zelensky a réitéré que l’Ukraine perdrait le conflit sans l’aide américaine, toujours bloquée au Congrès.
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