France

Les vœux de Marine Le Pen détournés par IA, la méthode de la majorité macroniste suscite de vives réactions

En diffusant une vidéo de Marine Le Pen parlant en russe générée par l’intelligence artificielle le 31 décembre, le porte-parole du parti présidentiel Loïc Signor a provoqué de vives réactions et donné le ton pour la campagne des européennes. Une utilisation de l'intelligence artificielle à des fins politiques dénoncée par l'opposition.

«Le discours est lissé mais l’accent reste.» C’est le commentaire qui suit un montage généré par de l’intelligence artificielle et mis en ligne par Loïc Signor, porte-parole du parti de la majorité présidentielle Renaissance.

La vidéo, diffusée le 31 décembre à quelques heures de la nouvelle année, reprend les vœux de la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée, Marine Le Pen, en la faisant parler en russe.

Le montage fait suite à une publication du parti majoritaire quelques heures plus tôt qui reprenait des éléments d’un article du Washington Post selon lequel le RN aurait un rôle important dans l’influence russe en France.

Les éléments de l’article rapportés par le parti d’Emmanuel Macron concernent les sanctions visant Moscou que Marine Le Pen juge inutiles mais aussi le risque d’une troisième guerre mondiale avec la participation de l’Union européenne au conflit ou encore la volonté de l’ancienne candidate à la présidentielle d’organiser une grande conférence pour la paix.

Voulant pointer du doigt la proximité supposée entre l’ancienne candidate à la présidentielle et Moscou, le porte-parole du parti macroniste, ancien journaliste sur la chaîne CNews pour laquelle il était chargé du suivi de l’Élysée, a été critiqué par des personnalités politiques de droite.

«Les discours pour Macron, c’est McKinsey ou l’IA ?»

Le porte-parole de Renaissance a été largement conspué par des membres du RN, dont des élus comme le conseiller régional Rémi Garnier qui a ironiquement demandé : «Du coup, les discours pour Macron, c’est McKinsey ou l’IA ?» Des députés ont aussi tenu à réagir, à l’image de l’élu RN du Nord Thibaut François, qui a rappelé sur X (ex-Twitter) que Loïc Signor n’était pas élu, le qualifiant par ailleurs «d‘incapable».

Du côté des Républicains (LR), des personnalités ont également condamné ces propos, tel le secrétaire de l’Assemblée nationale et député de l’Oise Maxime Minot, commentant par un lapidaire «pathétique». L’avocat Amine Elbahi, membre des Républicains, a pour sa part condamné un «jeu malhonnête» de la majorité qui consiste à utiliser «l’IA pour transformer les discours politiques de ses opposants et tromper les Français».

Les critiques à l’endroit de la diffusion du montage par le porte-parole du parti d’Emmanuel Macron pourraient constituer un indicateur de la campagne de la majorité à l’horizon du scrutin européen du 9 juin 2024. Une attaque déjà utilisée durant les précédentes campagnes électorales, notamment durant l’élection présidentielle de 2022. Le parti présidentiel pourrait ainsi tenter de décrédibiliser le parti de Jordan Bardella en invoquant sa supposée proximité avec Moscou alors même que ce dernier s’est montré plus favorable à Kiev depuis le début du conflit ukrainien.

Conflit en Ukraine : Le Pen souhaite que la France prenne l’initiative d’une conférence sur la paix

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