Le gouvernement de Fathi Bachagha désigné par le Parlement et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar a annoncé le 17 mai qu'il se retirait de la capitale, où siège un pouvoir exécutif rival, après des affrontements déclenchés par son arrivée.
Quelques heures après une entrée qui a provoqué des affrontements le 17 mai à Tripoli, le gouvernement libyen désigné par le Parlement et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar a annoncé son retrait de la capitale, siège du pouvoir exécutif rival. En milieu de matinée, le service de presse du gouvernement désigné par le Parlement a indiqué dans un communiqué que son Premier ministre Fathi Bachagha, ainsi que plusieurs de ses ministres, avaient quitté Tripoli «pour préserver la sécurité […] des citoyens».
Plus tôt dans la nuit, il avait annoncé l’arrivée à Tripoli de Fathi Bachagha et des ministres «pour y débuter les travaux» gouvernementaux. Avaient alors éclaté des combats entre groupes armés en pleine ville et pendant plusieurs heures, selon l’AFP. Dans une vidéo diffusée par des médias libyens, Fathi Bachagha avait pourtant affirmé dans un premier temps avoir été «très bien accueilli» à Tripoli, et annoncé la tenue d’une conférence de presse en soirée durant laquelle il ferait «un discours d’unité au peuple libyen». Le ministre de l’Intérieur de son gouvernement, Issam Abu Zariba, avait assuré, avant le retrait, que l’équipe gouvernementale prendrait ses fonctions «pacifiquement» et «dans le respect de la loi». Pour faciliter la transition, il avait appelé «toutes les forces de sécurité […] à coopérer».
Réagissant aux événements survenus dans la capitale, la conseillère spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Stephanie Williams, a appelé sur Twitter à la «retenue» en insistant «sur la nécessité absolue de s’abstenir de toute action provocatrice».
En février, le Parlement siégeant dans l’Est avait désigné Fathi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur, comme nouveau Premier ministre, avec le soutien du maréchal Khalifa Haftar, dont les forces avaient tenté de conquérir la capitale en 2019. Mais Fathi Bachagha n’avait jusque-là pas réussi à évincer l’exécutif en place à Tripoli, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah, qui a affirmé à maintes reprises qu’il ne remettrait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.
Le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah avait en effet comme principale mission l’organisation d’élections législatives et présidentielle, initialement prévue en décembre dernier. Cependant, des querelles entre responsables politiques locaux, en particulier sur la base juridique du scrutin, ont entraîné le report sine die de ces élections, qui devaient permettre de stabiliser le vaste pays d’Afrique du Nord. Les rivaux politiques d’Abdelhamid Dbeibah estiment que son mandat a pris fin avec ce report.
Depuis l’intervention militaire de l’OTAN dans le pays en 2011, lors de laquelle la France a activement contribué à la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye reste minée par le chaos politique, les divisions entre institutions concurrentes de l’Est et de l’Ouest, ainsi que par une insécurité permanente.
La production pétrolière, principale source de revenus du pays, est affectée par les fractures politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers ces dernières semaines. Considérés comme proches du camp de l’Est, les groupes à l’origine de ces blocages réclamaient le transfert du pouvoir à Fathi Bachagha, ainsi qu’une meilleure répartition des revenus pétroliers.
La production libyenne a depuis baissé d’environ 600 000 barils par jour, soit la moitié de la production quotidienne moyenne, entraînant un manque à gagner qui avait été estimé à 60 millions de dollars par jour par le ministre du Pétrole et du Gaz dans un entretien à l’AFP fin avril.
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