Hassan Iquioussen a été retrouvé et arrêté près de Mons, en Belgique, avant d'être écroué à Tournai, à la frontière franco-belge. L'imam était en fuite depuis la publication d'un arrêté d'expulsion le visant, pour incitation à la haine notamment.
L’imam marocain Hassan Iquioussen, mis en cause en France pour des propos jugés «contraires aux valeurs de la République» et visé par un mandat d’arrêt européen, a été arrêté le 30 septembre près de Mons, en Belgique.
«Je peux vous confirmer qu’il a été arrêté ce jour par la police», a déclaré à l’AFP le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Selon une source policière française, il a été interpellé par la police belge «sans incident». D’après une autre source, proche du dossier, il a été écroué dans la soirée à Tournai, ville belge proche de la frontière française.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé fin juillet l’expulsion de ce prédicateur, fiché S (pour sûreté de l’Etat) par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) «depuis 18 mois», selon lui.
L’arrêté d’expulsion lui reprochait «un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraires aux valeurs de la République».
«Je me réjouis que Monsieur Iquioussen ait été interpellé aujourd’hui [30 septembre] par les services belges, que je remercie très sincèrement», a réagi Gérald Darmanin, en marge de son déplacement à Cayenne en Guyane pour participer aux Assises de la sécurité. «Se soustraire à une décision d’expulsion du territoire national est un délit que le Code pénal condamne», a-t-il ajouté.
Le comité de soutien de Hassan Iquioussen a de son côté précisé que ses conseils étaient «mobilisés afin d’obtenir sa libération», dans un communiqué publié sur sa page Facebook dans la soirée du 30 septembre, en même temps qu’une vidéo du prédicateur tournée avant son arrestation, où il dit avoir «confiance en la justice».
L’avocate de l’imam estime que l’infraction ne serait «pas constituée»
L’homme né en France et de nationalité marocaine a martelé qu’il était «Français […] dans [sa] tête» et qu’il est parti à l’étranger car on lui «a demandé de quitter [son] pays».
Introuvable depuis le feu vert du Conseil d’Etat français à son expulsion, fin août, le prédicateur a ensuite fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen délivré par un juge d’instruction de Valenciennes (Nord), pour «soustraction à l’exécution d’une décision d’éloignement». L’imam est depuis au cœur d’un imbroglio juridique.
Son avocate, Me Lucie Simon, conteste en particulier la validité du mandat d’arrêt le visant, estimant qu’il se fonde «sur une infraction» qui n’est, selon elle, «pas constituée». «Pourquoi le rechercher ? Pourquoi vouloir le faire revenir ?», s’était-elle interrogée début septembre.
Selon Gérald Darmanin, «désormais il s’agit d’une coopération judiciaire entre la justice belge et la justice française. A la fin de cette procédure judiciaire, il y aura une procédure administrative. Monsieur Iquioussen sera mis en centre de rétention administrative et sera expulsé vers son pays d’origine», le Maroc. La procédure de remise à la France de l’imam pourrait prendre plusieurs semaines si l’intéressé s’y oppose.
Epinglé pour plusieurs propos polémiques entretenus depuis 2004
Entre querelles juridiques et batailles médiatiques, les débats autour de l’imam ont nourri l’actualité française du mois d’août. L’annonce de son expulsion a été suspendue par le tribunal administratif de Paris, qui a jugé qu’elle porterait «une atteinte disproportionnée» à sa «vie privée et familiale». Il avait été éclaboussé par une première polémique en 2004, épinglé pour des propos jugés antisémites dans un discours sur la Palestine. L’intéressé avait reconnu par la suite «des propos déplacés» et présenté ses excuses.
Son nom est réapparu ensuite régulièrement dans la presse et le débat public.
Sa chaîne YouTube, où il délivre cours et sermons sur l’islam dans la vie quotidienne (pauvreté, violence, épanouissement dans le couple…), compte 178 000 abonnés. Né en France, Hassan Iquioussen avait décidé à sa majorité de ne pas opter pour la nationalité française. Il affirme y avoir renoncé à 17 ans sous l’influence de son père et avoir ensuite tenté en vain de la recouvrer.
Ses cinq enfants et ses 15 petits-enfants sont eux Français et implantés dans le Nord de la France : un fils est imam à Raismes, un autre ex-élu PS à Lourches.
Visé par un arrêté d’expulsion du territoire, l’imam Iquioussen reste introuvable