France

Loi de programmation militaire : LFI veut protéger les entreprises stratégiques françaises

Alors que le ministre des armées Sébastien Lecornu présentait ce 22 mai son projet de loi de programmation militaire, La France insoumise a publié en début d’après-midi un contre-projet résolument protecteur des entreprises stratégiques.

Protéger les entreprises stratégiques pour redonner une indépendance à la France : c’est en résumé ce que propose La France insoumise dans son contre-projet à la loi de programmation militaire (LPM). Alors que le texte est étudié depuis ce 22 mai, le parti fondé par Jean-Luc Mélenchon propose un document de 60 pages à rebours de la cuisine gouvernementale en matière de défense nationale.

Un garde-frontière azerbaïdjanais à l'entrée du corridor de Latchine, le 2 mai 2023 (image d'illustration).

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Le contre-projet présenté par La France insoumise critique le «mythe de l’Europe de la défense au sein de l’OTAN» et prône une position non alignée de la France. Outre «les conditions de vie dignes» qui doivent être assurées aux militaires et un vernis écologiste, LFI propose un texte de rupture sur la question des entreprises stratégiques.

«Ramener dans le giron public les entreprises stratégiques» est d’emblée perçu comme une nécessité. Evoquant différents groupes comme Dassault, Naval Group ou Alcatel Submarine Network, le projet des Insoumis s’inscrit résolument dans une tradition régalienne revendiquant pour l’Etat le droit de «nationaliser des entreprises stratégiques». Favorable à un «Etat planificateur», LFI défend l’idée selon laquelle la logique commerciale est inadaptée au secteur de l’armement, qui nécessite une régulation.

Des précédents inquiétants pour la défense française

Les inquiétudes du parti dirigé par Manuel Bompard s’expliquent par une succession d’abandons de fleurons nationaux au profit de puissances étrangères. Au premier trimestre 2023, Exxelia, une entreprise française, passait ainsi sous le contrôle de l’étasunien Heico. En 2020, c’est Photonis, spécialisé dans l’optique nocturne à des fins scientifiques et militaires, qui avait frôlé le rachat par le britannique Teledyne.

Le texte propose donc de «renforcer la protection des entreprises de défense face aux prises de contrôle étrangères» pour éviter que de telles ventes ne se reproduisent.

Le contre-projet invite également à «faire prévaloir le principe de l’acquisition du matériel français, y compris en matière informatique». Un élément de nature ouvertement protectionniste qui pourrait cependant se heurter au droit européen.

Le texte du ministre des Armées Sébastien Lecornu prévoit quant à lui une enveloppe de 413 milliards d’euros sur sept ans de 2023 à 2030. Les débats vont durer deux semaines, 1 700 amendements ont été déposés et un vote solennel est prévu le 6 juin.

Un AMX-10 lors de l’exercice Orion, à Frontignan, le 26 février 2023 (photo d’illustration).

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