Soulignant la moindre gravité de l'épidémie de coronavirus, l'agence onusienne envisage de ne plus classer celle-ci comme une urgence sanitaire mondiale, sans que le virus ne disparaisse pour autant. La variole du singe devrait suivre le même chemin.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué le 14 décembre que le Covid-19 et la variole du singe pourraient ne plus être des urgences de santé publique dans le monde en 2023, lorsque la phase la plus dangereuse de ces deux maladies sera achevée.
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que l’un des principaux enseignements de la pandémie de Covid-19 était que les pays devraient se préparer à réagir rapidement à des épidémies surprises. A propos du Covid-19, il a noté que le nombre de décès hebdomadaires représentait désormais environ un cinquième de ce qu’il était il y a un an.
Un virus comme les autres ?
«La semaine dernière, moins de 10 000 personnes ont perdu la vie», a-t-il indiqué, estimant que «c’est toujours 10 000 de trop» et que «tous les pays peuvent encore faire beaucoup pour sauver des vies», au cours d’une conférence de presse. «Mais nous avons parcouru un long chemin», a-t-il poursuivi, espérant «qu’à un moment donné l’année prochaine, nous pourrons dire que le Covid-19 n’est plus une urgence sanitaire mondiale».
Le comité d’urgence de l’OMS sur le Covid-19, qui conseille le directeur général sur le fait de savoir si le virus constitue une urgence de santé publique d’intérêt international, discutera des critères permettant d’établir ou non la fin de cette urgence sanitaire lors d’une réunion en janvier.
Maria Van Kerkhove, en charge de l’équipe technique de l’OMS dédiée au Covid-19, a précisé que ce comité examinerait l’épidémiologie, les variants comme Omicron et l’impact du virus. L’épidémie «n’est plus ce qu’elle était au début», a-t-elle expliqué, puisque les contaminations actuelles entraînent désormais moins d’hospitalisations et de morts. «Ces morts interviennent largement dans le cas de personnes non vaccinées», ou n’ayant pas reçu tous les vaccins, a-t-elle encore affirmé.
L’OMS estime que 30 milliards de doses de vaccins ont été administrées dans le monde, avec toutefois 30% de la population mondiale n’ayant reçu qu’une seule dose. Près de 650 millions de cas d’infection au Covid-19 et près de 6,6 millions de morts ont été enregistrés, selon l’OMS, qui juge toutefois ces chiffres très en deçà de la réalité.
«Toutes les hypothèses restent sur la table» concernant l’origine du Covid-19
«Nous serons encore confrontés à de nombreuses incertitudes et défis en 2023. Dans les pays à faible revenu, seule une personne sur cinq a été vaccinée», a indiqué le chef de l’organisation onusienne, lequel a, à de nombreuses reprises, fustigé les inégalités mondiales en termes d’accès aux vaccins.
Il a également souligné la nécessité de mieux comprendre la genèse du virus, identifié pour la première fois à Wuhan, en Chine, en décembre 2019. «Nous continuons à demander à la Chine de partager ses données et de mener les études qui ont été requises pour mieux comprendre les origines de ce virus» , a-t-il déclaré. «Toutes les hypothèses restent sur la table», a-t-il encore affirmé, y compris celle d’un virus qui se serait échappé d’un laboratoire à Wuhan.
Concernant la variole du singe, Tedros Adhanom Ghebreyesus a souligné que l’épidémie mondiale avait pris le monde par surprise. Plus de 82 000 cas ont été signalés dans 110 pays, mais le taux de mortalité est resté faible, avec 65 morts recensés. «Si la tendance actuelle se poursuit, nous espérons que l’année prochaine, nous pourrons également déclarer la fin de cette urgence sanitaire», a-t-il conclu.
L’OMS avait déclenché le 23 juillet 2022 son plus haut niveau d’alerte face à la flambée de variole du singe. S’agissant du Covid-19, l’urgence de santé publique de portée internationale avait été décrétée fin janvier 2020, sept semaines après la détection des premiers cas à Wuhan, en Chine. Le terme de «pandémie» n’avait été utilisé qu’ensuite, à la mi-mars, au moment où le recours aux confinements se généralisait dans le monde entier.
The Lancet regrette le manque de transparence de Washington et Pékin sur l’origine du Covid