Le secrétaire général de l'OPEP et le président vénézuélien se sont rencontrés le 12 mai à Caracas pour discuter de la situation internationale, et ont tous deux convenu que le pétrole ne devait «pas être politisé» en raison du conflit en Ukraine.
Le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et le président du Venezuela ont exhorté le 12 mai les dirigeants du monde à ne pas utiliser le pétrole comme une «arme politique». Mohammed Barkindo et Nicolas Maduro ont discuté au palais présidentiel de Miraflores à Caracas pendant une heure et demie, se mettant d’accord sur le fait que le pétrole ne devait «pas être politisé».
«Je souhaite saisir cette opportunité pour, respectueusement, appeler les dirigeants à respecter les principes de base de l’OPEP […] en vertu desquels il faut dépolitiser le pétrole, le pétrole ne peut être utilisé comme une arme politique ou de sanction», a ainsi estimé Mohammed Barkindo.
Une position reprise dans la foulée par le président vénézuélien, qui a souligné que tant le pétrole que le gaz devaient être écartés «de tous types de sanctions». «Nous assistons à de prétendues sanctions contre le pétrole et le gaz russe et leur effet boomerang sur l’économie et la qualité de vie aux Etats-Unis, en Europe et dans le monde entier», a poursuivi Nicolas Maduro, faisant allusion aux sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie qui a lancé une intervention militaire en Ukraine le 24 février.
Mohammed Barkindo est arrivé au Venezuela le 6 mai pour une visite au cours de laquelle il s’est rendu dans plusieurs raffineries du pays en compagnie du ministre vénézuélien du Pétrole Tareck El Aissami. Le Nigérian a également rencontré, entre autres, la vice-présidente Delcy Rodriguez. Le patron de l’OPEP, qui doit quitter son poste en août, a toujours entretenu de bonnes relations avec le gouvernement vénézuélien depuis sa nomination en 2016.
Le G7 s’est engagé à «interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe»
Le Venezuela, visé par des sanctions internationales depuis plusieurs années – particulièrement de la part de Washington –, dispose de réserves de pétrole parmi les plus vastes au monde. Après avoir vu sa production chuter de 3 millions de barils/jour (2014) à un niveau historiquement bas de 400 000 en 2020, Caracas commence à remonter la pente (680 000 en 2021 selon l’OPEP), bénéficiant également d’un prix du baril en forte hausse.
Le 8 mai, le G7 s’est engagé à «interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe». Les conséquences économiques d’une telle mesure font cependant grincer des dents certains pays européens, au premier rang desquels la Hongrie, qui s’oppose au projet d’embargo sur le pétrole russe que l’Union européenne souhaite mettre en œuvre. L’Allemagne, de son côté, a fait savoir qu’elle pourrait le cas échéant connaître des «perturbations» dans son approvisionnement.
Rappelant que plus de 300 milliards d’euros d’actifs russes avaient été gelés dans le cadre des sanctions occidentales depuis le début de l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait souligné le 1er mai que cet argent avait été purement et simplement «volé» par les Occidentaux. «La majeure partie de cette somme provient des livraisons du gaz et du pétrole. Cela est devenu possible car la société Gazprom était obligée de conserver son argent dans des banques occidentales, en se conformant à vos règles. On a voulu “punir” la Russie, on a donc volé», avait expliqué le ministre russe.
Le G7 s’engage à «interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe»