Les 27 pays de l'UE discutent d’éventuelles sanctions sur les importations de charbon et pétrole russes mais plusieurs Etats redoutent les conséquences pour leur propre activité économique.
«Il y a des discussions sur ce qui peut être fait dans le secteur de l’énergie, comme le charbon et le pétrole», a déclaré ce 5 avril le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, avant une réunion des ministres des Finances de l’Union européenne (UE) à Luxembourg pour débattre du contenu d’un cinquième paquet de sanctions européennes. «Pour la Commission européenne, c’est définitivement une option. Mais nous avons besoin de trouver un consensus parmi les Etats membres», a-t-il reconnu.
Les vingt-sept sont divisés sur la question des sanctions qui nécessitent l’unanimité. La Pologne et les pays baltes poussent pour des mesures sévères visant le secteur de l’énergie mais d’autres pays, essentiellement l’Allemagne, et aussi l’Autriche, sont très réservés en raison du coût infligé à leur activité économique très dépendante des énergies fossiles russes.
Le ministre des Finances autrichien, Magnus Brunner, a reconnu que des mesures touchant le charbon seraient discutées ce 5 avril, sans mentionner le pétrole. «Nous devons faire attention avec les sanctions et envisager calmement leurs conséquences pour nous-mêmes. Si nous sommes plus touchés que la Russie, alors cela n’a pas beaucoup de sens», a-t-il dit.
Quant au ministre allemand des Finances Christian Lindner, il a exclu le 4 avril un embargo sur le gaz russe. «Nous devons envisager de dures sanctions, mais à court terme, il n’y a pas d’alternatve aux livraisons de gaz russe [et les interrompre] nous nuirait plus qu’à la Russie», a-t-il déclaré, refusant de dire si des sanctions sur le charbon et le pétrole étaient sur la table.
Un diplomate européen cité par l’AFP a confié le même jour qu’il y avait «un travail intense en cours sur les sanctions » et évoqué une décision le 6 ou le 7 avril au cours d’une réunion des ambassadeurs des Etats membres à Bruxelles.
Le président français Emmanuel Macron a évoqué des sanctions individuelles et des mesures sur « le charbon et le pétrole», afin de répliquer aux crimes de guerre attribués par les Occidentaux à la Russie. Moscou a de son côté vigoureusement démenti toute implication dans la mort des civils, évoquant une «provocation» de la part de Kiev.
«La détermination des Etats membres à renforcer les sanctions contre la Russie est totale et le président de la République a été très clair sur le fait qu’il pouvait y avoir dans ces sanctions le secteur énergétique », a pour sa part précisé le ministre français de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire.
La Russie est le premier fournisseur d’énergies fossiles de l’UE. Elle représente à elle-seule environ 45% des importations de gaz et de charbon, et 25% de celles de pétrole.
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