Dans le cadre d'une politique active de lutte contre la corruption au Venezuela, le puissant ministre du Pétrole Tareck El Aissami a dû présenter sa démission et au moins 19 fonctionnaires ont été arrêtés.
Au moins 19 fonctionnaires ont été arrêtés au Venezuela dans le cadre de la «croisade» anti-corruption qui a fait tomber le ministre du Pétrole, a annoncé le 21 mars Jorge Rodriguez, le président du Parlement, lors d’une séance consacrée à l’affaire.
«Jusqu’à présent, 19 personnes ont été arrêtées et je suis sûr que d’autres le seront», a déclaré Jorge Rodriguez alors que l’Assemblée a voté son soutien à la Police nationale anticorruption (PNCC) dans sa «croisade» qui touche notamment l’énorme compagnie pétrolière publique Petroleos de Venezuela (PDVSA). L’Assemblée a aussi voté à l’unanimité la levée de l’immunité parlementaire du député Hugbel Roa, arrêté le 19 mars et accusé de corruption.
Celui-ci est un proche de l’ex-ministre du Pétrole, Tareck El Aissami, qui a démissionné le 20 mars dans le cadre de l’opération. Visé par des sanctions des Etats-Unis, El Aissami était l’un des dirigeants les plus puissants du pays et était considéré comme un homme clé dans le secteur pétrolier qu’il maîtrisait parfaitement. Cet ancien ministre de l’Enseignement universitaire, des Sciences et de la Technologie, est l’un des créateurs de la crypto-monnaie vénézuélienne Petro, adossée aux vastes réserves de brut du pays.
Il comptait parmi ses «hommes de paille» l’homme d’affaires Alejandro Arroyo, «propriétaire d’un manoir dans le Country Club [lotissement huppé de Caracas], d’une énorme flotte de camionnettes et d’équipes de football», a fait savoir à l’AFP une source proche du dossier. «Le plus grave, c’est qu’il dirigeait un réseau de prostitution au service qui recrutait des jeunes filles pour servir d’escorte», a ajouté cette source.
«Nous avons levé l’immunité parlementaire de certains députés, certains ont démissionné parce qu’ils sont impliqués dans des délits graves comme le trafic de drogue», a déclaré Diosdado Cabello, premier vice-président du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), et considéré comme le numéro deux du pouvoir vénézuélien derrière le président Nicolas Maduro.
Le président Maduro, qui a déjà lancé des opérations anti-corruption par le passé, a assuré le 20 mars que les enquêtes avaient commencé en octobre. Il s’était notamment interrogé sur le train de vie de ces hauts fonctionnaires qui vivaient, selon lui, comme de «nouveaux riches» dans «l’extravagance».
Depuis 2017, l’industrie pétrolière du Venezuela a été visée par de nombreuses enquêtes pour corruption, qui se sont notamment soldées par l’arrestation de plusieurs dizaines d’employés et de deux ministres du Pétrole, Eulogio del Pino et Nelson Martinez. Ce dernier est mort alors qu’il était en détention.
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