Le président français Emmanuel Macron a joué la carte de l'alarmisme, réunissant à Paris 21 pays européens qu'il a appelés à un «sursaut», à un moment critique pour Kiev. Les relations se sont tendues depuis janvier entre Paris et Moscou, la Russie dénonçant «l'implication croissante» de la France en Ukraine.
«D’ici à quelques années, il faut s’apprêter à ce que la Russie attaque les dix pays», n’a pas craint d’affirmer Emmanuel Macron ce 26 février, accueillant à l’Elysée 21 dirigeants européens, évoquant un constat faisant «consensus» parmi ces derniers.
Reste que ces mots semblent sortis de la bouche de Zelensky. «Ensemble nous devons faire en sorte que Poutine ne puisse pas détruire ce que nous avons réalisé et ne puisse pas étendre son agression à d’autres pays, a lancé le Président ukrainien, dans une vidéo pré-enregistrée diffusée devant les chefs d’Etat et de gouvernement réunis autour d’Emmanuel Macron, dont l’Allemand Olaf Scholz, le Polonais Andrzej Duda et le Slovaque Robert Fico, avec également le chef de la diplomatie britannique David Cameron et des représentants américain et canadien.
🗣️ "D'ici à quelques années il faut s'apprêter à ce que la Russie attaque les 10 pays (…) Nous sommes au moment d'un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous", lance Emmanuel Macron ⤵️ pic.twitter.com/Ittjwdf9kB
— LCI (@LCI) February 26, 2024
«Nous sommes à coup sûr au moment d’un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous», a exhorté le chef de l’Etat français au début de ce sommet qui devait se poursuivre à huis clos, avant sa conférence de presse finale dans la soirée.
Il a expliqué que la réunion organisée à la hâte, visait à «voir sur le plan national et collectif comment nous pouvons faire plus», en «soutien budgétaire» comme «militaire».
Macron joue désormais au meilleur allié de Zelensky
Depuis qu’il a reçu Volodymyr Zelensky il y a dix jours à l’Elysée pour signer un accord de sécurité bilatéral, Emmanuel Macron dépeint un tableau très sombre des intentions de son homologue russe Vladimir Poutine et tente de se positionner en première ligne de l’appui apporté à Kiev.
«Nous voyons, et tout particulièrement ces derniers mois, un durcissement de la Russie», «qui s’est malheureusement cruellement illustré avec la mort d’Alexeï Navalny», le principal opposant russe, a réaffirmé lundi Macron. Il a aussi réitéré ses accusations de cyberattaques de la part de Moscou, et sur des campagnes de désinformation.
«Sur le front ukrainien, les positions sont de plus en plus dures et nous savons aussi que la Russie prépare des attaques nouvelles, en particulier pour sidérer l’opinion ukrainienne», a-t-il averti.
Les Ukrainiens accumulent depuis quelques semaines les revers dans l’Est, notamment avec la perte il y a plus d’une semaine de la ville forteresse d’Avdeïevka, et, ce lundi, leur retrait du village de Lastotchkino.
Scholz réitère son refus d’envoyer des missiles Taurus
Plusieurs pays, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, ont signé des accords de sécurité bilatéraux avec Kiev ces dernières semaines mais l’UE, qui a livré depuis le début de la guerre pour 28 milliards d’euros d’aide militaire, peine à tenir ses engagements, en particulier en matière d’obus.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a néanmoins rejeté une nouvelle fois la demande de l’Ukraine de lui livrer des missiles de longue portée Taurus, affirmant ne pas pouvoir suivre l’exemple de la France et du Royaume-Uni car ce «ne serait pas responsable». Les missiles allemands ont en effet une portée de 500km, faisant craindre à Scholz que des cibles soient atteintes dans la profondeur du territoire russe.
Rien ne va plus entre Paris et Moscou
Emmanuel Macron, le 17 février, a annoncé vouloir apporter «jusqu’à 3 milliards d’euros» d’aide militaire «supplémentaire» en 2024 à Kiev.
De son côté, Moscou a dénoncé au mois de janvier l’«implication croissante» de la France vis-à-vis de l’Ukraine, notamment à la suite de l’annonce du président français, le 16 janvier, de livrer 40 missiles Scalp supplémentaires à Kiev.
Vladimir Poutine a plusieurs fois répété que la Russie n’avait aucune prétention sur ses autres voisins d’Europe de l’Est. Le 9 février, lors de son entretien avec le journaliste américain Tucker Carlson, le dirigeant russe a balayé toute prétention sur la Pologne ou les Etats baltes, soulignant le danger d’une guerre nucléaire.
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