Plusieurs analystes cités par le média économique relèvent un maintien ou une hausse des dépenses d'investissement des sociétés russes, réorientées vers des projets locaux et le remplacement d'équipements étrangers désormais indisponibles.
La Russie a résisté aux sanctions occidentales adoptées en réponse à son offensive militaire en Ukraine en stimulant les investissements dans la production nationale et de nouvelles voies d’approvisionnement, a rapporté Bloomberg le 8 février, citant une série de statistiques et d’analystes.
Les dépenses d’investissement ont ainsi augmenté de 6% en 2022, alors que de nombreux économistes s’attendaient à ce qu’elles chutent jusqu’à 20% peu après le début du conflit en Ukraine. La Banque centrale de Russie a indiqué dans un récent rapport que la plupart des entreprises russes ont augmenté leurs investissements en 2022, ou les ont maintenus au même niveau que l’année précédente. En conséquence, la production n’a diminué que de 2%, soit beaucoup moins que ce qu’une partie des économistes avaient prévu lors de l’adoption de sanctions à l’encontre de Moscou.
L’économie russe s’adapte graduellement
Les restrictions ont coupé la Russie de nombreuses importations, contraignant les entreprises russes à augmenter leurs dépenses pour remplacer les équipements et logiciels étrangers désormais indisponibles, ou à investir dans la mise en place de nouvelles voies d’approvisionnement via d’autres marchés. Selon l’agence fédérale des statistiques Rosstat, quatre secteurs importants de l’économie russe ont augmenté leurs dépenses d’investissement, à savoir les transports, l’exploitation minière, l’immobilier et les sciences et technologies.
L’un des plus grands aciéristes du pays, Severstal, a ainsi réorienté ses investissements initialement prévus dans des projets qui risquaient d’être perturbés par les sanctions et investi dans des projets locaux. De la même manière, les grandes banques, à l’instar de la Sberbank et de VTB, investissent également pour remplacer les logiciels étrangers. Des projets visent ainsi à remplacer les services de paiement sans contact étrangers tels qu’Apple Pay et Google Pay, qui ne fonctionnent plus en Russie.
En outre, le volume des investissements dans l’immobilier commercial a atteint l’an dernier un record historique de 487 milliards de roubles (environ 6,8 milliards de dollars), soit 21% de plus qu’en 2021, selon une étude de la société immobilière NF Group. «Le volume des investissements a battu des records avec une part minime de capitaux étrangers», relève NF Group, ajoutant que les «investisseurs russes deviennent propriétaires de la grande majorité des biens immobiliers haut de gamme dans divers segments», une tendance qui devrait se poursuivre à l’avenir.
Les producteurs de gaz et de pétrole, quant à eux, ont également stimulé les investissements, soit dans les infrastructures de transport, soit dans la réorientation de leurs exportations. «Cette tendance devrait soutenir les investissements dans les années à venir», a déclaré à Bloomberg Tatiana Orlova, d’Oxford Economics. De nombreuses entreprises ont également profité des subventions gouvernementales et des programmes de soutien à la substitution des importations. Selon Rosstat, le financement de l’État a été l’une des principales sources de dépenses d’investissement, s’élevant à quelque 17,8%.
Ces données économiques viennent compléter une analyse récente du Fonds monétaire international (FMI), selon lequel la Russie devrait connaître une légère croissance économique en 2023 malgré les sanctions occidentales et une croissance plus nette en 2024. Celle-ci pourrait s’avérer largement supérieure à celle de la zone euro.
Les sanctions occidentales contre Moscou ont été considérablement renforcées avec «l’opération spéciale» en Ukraine initiée fin février 2022. Ces mesures ont notamment touché les exportations de pétrole de la Russie, la déconnexion de ses banques du système de paiement mondial Swift et elles ont ciblé personnellement des personnalités politiques de premier plan.
La croissance de la Russie devrait être supérieure à celle de la zone euro en 2024, selon le FMI