Au cours d'une conférence de presse à Beyrouth, le chef de la diplomatie iranienne a fait savoir que Téhéran voulait maintenir le dialogue avec Riyad en vue d'une normalisation. Les deux pays n'ont plus de relations officielles depuis 2016.
Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré ce 13 janvier à Beyrouth espérer une normalisation avec l’Arabie saoudite, qui aboutirait à une réouverture des ambassades des deux poids lourds de la région. Il a aussi salué le rapprochement syro-turc en cours.
Hossein Amir-Abdollahian a notamment rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati. Il doit se rendre le 14 janvier en Syrie, où l’Iran appuie Bachar al-Assad, selon le quotidien syrien Al-Watan.
Un dialogue entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite avait été amorcé à Bagdad, mais la dernière réunion remonte à avril 2022. Le ministre iranien a brièvement rencontré son homologue saoudien en marge d’une réunion régionale en Jordanie en décembre dernier.
Riyad, soutien des manifestations en Iran ?
«Nous accueillons favorablement un retour à des relations normales avec l’Arabie saoudite, qui aboutirait à une réouverture des bureaux de représentation ou des ambassades à Téhéran et Riyad, dans le cadre du dialogue entre le deux pays qui doit se poursuivre», a déclaré le chef de la diplomatie iranienne lors d’une conférence de presse.
Les déclarations du ministre, arrivé dans la soirée du 12 janvier à Beyrouth, interviennent alors que l’Iran, secoué par une vague de manifestations, accuse ses «ennemis» menés par les Etats-Unis, d’attiser les protestations, soulignant le rôle saoudien dans le financement de médias «hostiles» en persan à l’étranger, à l’instar d’Iran International.
En novembre, Téhéran avait appelé Riyad à changer son comportement «inamical» et prévenu ses voisins, dont l’Arabie saoudite, que des représailles suivrait toute tentative de déstabilisation du pays.
Les deux pays ont rompu leurs liens en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Riyad d’un important religieux chiite saoudien.
Téhéran et Riyad soutiennent des parties rivales dans plusieurs conflits dans la région, notamment au Yémen. L’Iran a une influence prépondérante en Irak et au Liban, il soutient militairement et politiquement le gouvernement syrien.
Concernant ce pays, le ministre iranien des Affaires étrangères s’est par ailleurs déclaré «heureux du dialogue en cours entre la Syrie et la Turquie», qui selon lui devrait «avoir des répercussions positives dans l’intérêt des deux pays».
Une aide iranienne au Liban entravée par Washington ?
Après une rupture de plus d’une décennie en raison du soulèvement en Syrie, où la Turquie a soutenu différents groupes d’opposition, les ministres de la Défense des deux pays se sont rencontrés en décembre dernier et ceux des Affaires étrangères doivent se retrouver prochainement à Moscou.
Le ministre iranien a d’autre part renouvelé la proposition de l’Iran de fournir du fioul au Liban, ou de «réhabiliter les centrales électriques» vétustes «ou d’en construire de nouvelles», malgré les sanctions imposées à Téhéran.
Depuis que l’économie libanaise s’est effondrée en 2019, l’Etat est incapable de fournir de l’électricité plus de deux heures par jour faute de fonds pour acheter du carburant.
Le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bouhabib a cependant fait état au cours de la conférence de presse de «pressions extérieures et d’obstacles» qui pourraient entraver l’offre iranienne, dans une allusion aux Etats-Unis.
Trois ans après son assassinat, le souvenir de Soleimani toujours vivace en Iran et dans la région