Environ 70 000 personnes ont protesté le 3 septembre dans le centre de Prague contre le gouvernement tchèque, l'accusant d'accorder plus d'attention à l'Ukraine qu'à ses propres citoyens. Le Premier ministre y a vu la main des «pro-russes».
«La République tchèque d’abord» : c’est derrière ce slogan qu’une manifestation a été organisée le 3 septembre à Prague, au nom de diverses revendications en lien avec l’inflation illustrée par une flambée des prix de l’énergie, la vaccination contre le Covid-19 ou encore la pression migratoire. Point de convergence des participants à cette mobilisation : l’exhortation à la démission du gouvernement de centre-droit de Petr Fiala, entré en fonction en décembre dernier.
«Le meilleur pour les Ukrainiens et deux pulls pour nous», pouvait-on lire sur une banderole, suggérant que les Tchèques ne seraient pas en mesure de payer les factures de chauffage en hiver.
Dans les faits, le prix du gaz a largement augmenté simultanément au risque de pénurie qui plane sur plusieurs pays européens pour la saison hivernale, du fait notamment des tensions géopolitiques liées au conflit en Ukraine et de réductions de l’approvisionnement en énergies russes de l’Europe.
Pas plus tard que ce 2 septembre, l’entreprise russe Gazprom a annoncé que le gazoduc Nord Stream, vital pour les livraisons en Europe, serait «complètement» à l’arrêt jusqu’à la réparation d’une turbine, alors qu’il devait reprendre du service le 3 septembre après une opération de maintenance.
70 000 manifestants selon la police
«Le rassemblement sur la place Venceslas est calme, nous n’avons pas eu à faire face à des problèmes sérieux. Nous estimons le nombre de participants à environ 70 000», a écrit la police tchèque sur les réseaux sociaux.
La République tchèque, qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE, a accueilli environ 400 000 réfugiés venus de l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe le 24 février et a fourni une aide militaire et humanitaire importante à Kiev.
Le gouvernement de Petr Fiala a survécu à un vote de défiance au Parlement le 2 septembre, initié par deux partis d’opposition : le parti de centre droit ANO (qu’on peut traduire par «oui») de l’ancien Premier ministre Andrej Babis, ainsi que le parti nationaliste de droite SPD.
Face à l’ampleur de la mobilisation, le Premier ministre a dénoncé un rassemblement organisé selon lui par «des personnes pro-russes proches des positions extrémistes et dont les intérêts vont à l’encontre de ceux de la République tchèque». «Il est clair que la propagande russe et les campagnes de désinformation sont présentes sur notre territoire et que certaines personnes les écoutent tout simplement», a-t-il considéré.
Des milliers de manifestants réunis en République tchèque contre les restrictions sanitaires (VIDEO)