Le gouvernement français a annoncé ce 10 juin déployer en urgence un escadron de gendarmes mobiles sur l'île de Mayotte, en proie à des violences, afin d'y «restaurer l'ordre républicain» sur demande du préfet. Des émeutes y sont en cours.
Face aux violences à Mayotte, le gouvernement français va déployer en urgence un escadron de gendarmes mobiles pour «restaurer l’ordre républicain», selon une annonce ce 10 juin. C’est le préfet du département qui en a fait la demande expresse.
Des bandes rivales s’affrontent en effet depuis le 6 juin à Majicavo et Koungou, au nord-est du département, à la suite du meurtre par arme blanche d’un jeune homme, la veille.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour «libérer de nombreux axes régulièrement entravés par des barricades enflammées», des opérations au cours desquelles «quatre gendarmes départementaux ainsi que trois gendarmes mobiles ont été blessés par jets de projectiles et des coups», ont fait savoir les ministères de l’Intérieur et des Outre-mer dans un communiqué commun.
Face aux violences qui touchent actuellement #Mayotte, nous avons décidé avec @YaelBRAUNPIVET de déployer un escadron de gendarmerie mobile dans les prochains jours afin de rétablir l’ordre républicain.
Soutien aux forces de l’ordre et services de l’Etat mobilisés. pic.twitter.com/uPK4FhE6Kk
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) June 10, 2022
A l’origine de ce nouvel épisode de violence dans le 101e département français, la mort d’un jeune qui a donné lieu à des représailles en cascade. A chaque fois, le même scénario se répète : les affrontements perturbent aux heures de pointe une circulation déjà saturée sur l’île, les gendarmes interviennent et deviennent à leur tour la cible de jets de pierres.
En outre, deux magistrates ont porté plainte ce 10 juin après avoir été agressées la veille par un groupe de personnes armées de machettes, qui s’en sont pris à leurs véhicules alors qu’elles quittaient le tribunal pour regagner leurs domiciles, a fait savoir une source judiciaire à l’AFP.
Face aux émeutes, le président du tribunal judiciaire dit se préparer «à une nuit d’angoisse»
Un scénario banal dans l’île aux parfums, où l’immigration et la pauvreté ont accentué des clivages entre villages et quartiers dont les jeunes s’affrontent régulièrement à coups de pierre et d’armes blanches.
Une situation qui occasionne un ras-le-bol général, au point que le président du tribunal judiciaire, Laurent Ben Kemoun, est sorti le 9 juin après-midi de sa réserve en publiant un texte sur son compte Linkedin : «En ce moment même, une centaine de voyous cassent, brûlent, pillent, molestent autour du tribunal judiciaire où sont bloquées plusieurs personnes… Une vendetta habituelle suite à la mort violente d’un jeune de Koungou dans laquelle serait impliqué un gars de Kaweni… Je me prépare à une nuit d’angoisse tant que toutes mes troupes n’ont pas été exfiltrées.»
L’envoi par le ministère de l’Intérieur d’un escadron de gendarmes mobiles à Mayotte est une réponse d’urgence déjà apportée lors de troubles précédents, mais qui ne traite pas le problème à la racine estime le député Les Républicains Mansour Kamardine, candidat à sa succession dans le sud de l’île. «L’augmentation notable de 40% des forces de l’ordre que nous avons obtenue ces dernières années ne permet pas de maîtriser une situation qui empire», indique-t-il dans un communiqué.
Le 29 mai, un autre jeune était déjà mort à Acoua dans le nord-ouest, après une agression à l’arme blanche. L’auteur avait été interpellé deux jours plus tard et incarcéré. Mayotte, archipel de l’océan Indien, est régulièrement secoué par des flambées de violences entre bandes rivales ou contre les forces de l’ordre, lorsqu’elles interviennent pour y mettre fin. En février, excédés, des habitants avaient bloqué pendant plusieurs jours les accès à leur quartier et tenté d’entraver des axes de circulation. L’immigration clandestine, principalement en provenance de l’archipel voisin des Comores, y est également un fléau.
En 2021, le parquet de Mamoudzou a enregistré une augmentation de 25% des saisines pour des faits criminels à Mayotte et de 21% pour des délits.
Mayotte, Français d’exception