La force maritime pilotée par les États-Unis a menacé les Houthis de représailles si les attaques contre les navires commerciaux continuaient en mer Rouge. Malgré la formation de la coalition, les rebelles yéménites ont poursuivi leurs attaques contre des cargos empruntant cette route maritime, provoquant une envolée des tarifs du fret.
Le ton est encore monté d’un cran entre les Américains et les Houthis. Face à la constance des attaques en mer Rouge, la coalition pilotée par Washington a averti les rebelles yéménites qu’ils devraient «assumer la responsabilité des conséquences» s’ils continuaient à «menacer des vies, l’économie mondiale et la libre circulation du commerce dans les voies navigables essentielles de la région».
Dans un communiqué commun publié le 3 janvier, les États-Unis, l’Australie, Bahreïn, la Belgique, l’Italie, le Canada, le Danemark, l’Allemagne, le Japon, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Royaume-Uni ont ouvertement menacé les Houthis de représailles si leurs attaques en mer Rouge se poursuivaient.
«Il n’existe aucune justification légale pour prendre délibérément pour cible des navires civils et des bâtiments de guerre», dénoncent les auteurs du texte. Les opérations des Houthis constituent, selon eux, «une menace directe pour la liberté de navigation qui sert de base au commerce mondial dans l’une des voies navigables les plus importantes du monde».
«Des coûts importants et des semaines de retard»
Impactant le commerce international, ceci «exige une action collective», estiment-ils. Le communiqué précisé également que les compagnies de transport doivent emprunter d’autres voies maritimes afin d’éviter la mer Rouge, entraînant de facto «des coûts importants et des semaines de retard dans la livraison des marchandises».
Depuis le début des attaques houthies en mer Rouge, le trafic maritime entre l’Europe et l’Asie est fortement perturbé. «Un nombre important de sociétés, environ 18 transporteurs, ont déjà décidé de dérouter leurs navires autour de l’Afrique du Sud afin de réduire [le risque] d’attaques», a déclaré le 3 janvier le chef de l’Organisation maritime internationale (OMI), Arsenio Dominguez.
Lorsqu’un navire doit faire près de 20 000 kilomètres entre le port de Rotterdam et celui de Shanghai en passant par la mer Rouge, il doit en faire 7 500 de plus s’il contourne l’Afrique, met en avant Le Journal de la marine marchande. La revue en ligne souligne également une «hausse spectaculaire» des tarifs des transporteurs au cours des dernières semaines.
Le français CMA CGM, dont les Houthis ont revendiqué le 3 janvier l’attaque d’un cargo, a annoncé ce 4 janvier le quasi-doublement de ses tarifs de fret à compter du 15 janvier pour les échanges entre l’Asie et la Méditerranée. Le transport d’un conteneur de 40 pieds entre l’Asie et la Méditerranée occidentale va passer de 3 000 à 6 000 dollars. Pour un conteneur de 20 pieds, il en coûtera 3 500 dollars contre 2 000 dollars jusqu’à présent. Le tarif pour un conteneur de 40 pieds passera lui de 3 200 à 6 200 dollars pour les échanges entre l’Asie et la Méditerranée orientale.
Plus de 20 attaques depuis le 19 novembre, selon le Centcom
Du côté des rebelles yéménites, les menaces de la coalition ne changent rien à leurs opérations. Yahya Saree, le porte-parole des Houthis, a une nouvelle fois réitéré la position du groupe, inscrivant ces attaques en mer Rouge dans le contexte du conflit à Gaza.
«Les forces armées yéménites confirment également que toute agression américaine ne restera ni sans réponse ni impunie», a-t-il averti, tout en s’en prenant également aux alliés de Washington qui souhaitent protéger «des navires commerciaux à destination de l’entité sioniste».
Le 2 janvier, relatant le tir de «deux missiles balistiques antinavires depuis les zones contrôlées par les Houthis au Yémen vers le sud de la mer Rouge», le commandement central américain (Centcom) a déclaré sur X (anciennement Twitter) qu’il s’agissait «de la 24e attaque contre des navires marchands» dans cette zone «depuis le 19 novembre».
Les Américains ont créé une coalition le 18 décembre dernier, rassemblant plus de 20 pays. À ce titre, Londres envisage de frapper le Yémen avec les États-Unis et un autre pays tiers pour contraindre les Houthis d’arrêter leurs attaques en mer Rouge.
Escalade en mer Rouge : Londres envisage avec Washington des «actions directes» contre les Houthis