Les leaders du Rassemblement national et de Reconquête! ont jugé que les critiques du gouvernement, qui leur reproche d'instrumentaliser l'affaire Lola, sont infondées et ne visent qu'à étouffer le débat sur les crimes commis par des clandestins.
Six jours après la découverte du corps de la petite Lola, assassinée à Paris par une Algérienne en situation irrégulière, Marine Le Pen a rejeté le 20 octobre les accusations de «récupération» de cette affaire qui, selon Eric Zemmour, concerne «toute la France». Parmi ces accusations, le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti avait reproché le 18 octobre à ses opposants de droite d’instrumentaliser l’affaire et de se servir du «cercueil d’une gamine de douze ans comme d’un marchepied», les accusant d’être «toujours au rendez-vous du malheur» dont ils feraient leur «miel».
Lola, c’est le meurtre barbare de trop
«L’accusation de récupération, c’est une accusation qui est utilisée de manière systématique par le gouvernement pour étouffer les questions légitimes que doivent poser les oppositions», a déclaré Marine Le Pen sur Europe 1. «Cela fait trop de fois que des étrangers en situation irrégulière, bien souvent sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, commettent des crimes», a-t-elle développé, estimant que «le gouvernement ne comprend pas l’émotion qui a été créée par l’assassinat terrifiant de cette petite fille et l’indignation, la colère, qui est celle d’une partie de la population face à ces actes récurrents». «Lola, c’est le meurtre barbare de trop», a dénoncé la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale.
Elle a expliqué que son parti avait privilégié l’organisation d’une minute de silence devant l’Assemblée nationale à 18h30 en présence de l’ensemble de ses parlementaires car une marche blanche organisée par les proches de Lola a été annulée «à la demande de la famille» et parce que «la manifestation à laquelle nous devions participer, qui normalement était […] apolitique a fini par s’éloigner de la nature de l’hommage que nous souhaitions rendre». Elle a ainsi visé le rassemblement organisé ce 20 octobre à 18h30 place Denfert-Rochereau à Paris par l’Institut pour la Justice, une association réputée proche d’Eric Zemmour, confirmant le revirement du RN sur sa participation à l’événement annoncée la veille par son président par intérim, Jordan Bardella.
📹 L'accusation de "récupération" est utilisée par le gouvernement pour étouffer les questions légitimes que l'on doit poser. Cela fait trop de fois que des étrangers en situation irrégulière, bien souvent sous le coup d'une OQTF, commettent des crimes. @Europe1pic.twitter.com/EeY7oOXSm8
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) October 20, 2022
Eric Zemmour dénonce «la loi de l’omerta»
«Je respecte ô combien l’émotion de la famille de Lola et c’est pour cela que je fais tout ça», a pour sa part expliqué le président de Reconquête! sur BFM TV. D’après lui, ne pas évoquer le sujet avec insistance conduira à le laisser tomber dans l’oubli en quelques jours, en raison du «rythme médiatique».
Pourquoi font-ils la distinction ?
«Le gouvernement nous demande en réalité l’omerta sur Lola», a-t-il dénoncé, mettant en perspective cette affaire avec des dossiers qui ont donné lieu par le passé à l’expression de vives émotions, tels que la mort du petit Aylan sur une plage turque ou celle d’Adama Traoré lors d’une arrestation. Dans ces deux cas, «personne n’a demandé de délai de décence», a relevé le polémiste, s’interrogeant sur les causes de cette différence de traitement. «Pourquoi font-ils la distinction ? Selon la couleur de peau ? La nationalité de la victime ? Celle du criminel ?», a-t-il questionné.
D’après Eric Zemmour, l’affaire Lola «dépasse ses parents, c’est toute la France qui est concernée» car «il y a eu d’innombrables crimes commis par des étrangers clandestins». Il a reconnu que son parti n’aurait pas organisé «la même manifestation» si le crime avait été commis par un Français. «C’est un francocide, c’est un crime commis contre un Français par un étranger. Ce n’est pas le crime individuel qui compte, c’est la masse», a-t-il expliqué.
Le gouvernement nous demande en réalité l’omerta sur Lola. C’est indigne.
Pour Aylan ou Adama Traoré, personne n’a demandé de délai de décence. Pourquoi font-ils la distinction ? Selon la couleur de peau ? La nationalité de la victime ? Celle du criminel ?#FaceAFacepic.twitter.com/6HlmBhi2fI
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) October 20, 2022
Parallèlement, la vice-présidente de Reconquête! Marion Maréchal a contesté l’attitude du RN sur BFM TV également, estimant que ses membres avaient «cédé au terrorisme intellectuel» exercé selon elle par le gouvernement et la gauche. Le 19 octobre, dans une «lettre ouverte aux médias aveugles» publiée sur Twitter, Eric Zemmour avait déjà balayé les accusations d’instrumentalisation de l’affaire. «La “récupération”, c’est l’interprétation interdite. Le chantage à la récupération, c’est la loi de l’omerta», avait-il affirmé.
De son côté, le député Les Républicains (LR) Eric Ciotti a indiqué sur RTL le 20 octobre qu’il ne participerait pas aux rassemblements car «il faut respecter le deuil» de la famille de Lola. «Je ne participerai pas à toute forme de récupération», a ajouté le candidat à la présidence de LR, jugeant le rassemblement auquel appelle Eric Zemmour «inopportun».
Les parents de la jeune fille décédée, provisoirement installés hors de Paris, ont quant à eux exprimé le souhait que le drame ne fasse l’objet d’«aucune récupération politique». L’Institut pour la Justice a insisté sur le caractère non-partisan du rassemblement organisé à Denfert-Rochereau, soulignant dans un communiqué qu’«aucune personnalité politique ne sera habilitée à s’exprimer» et que «slogans et banderoles seront interdits».
«Un peu de décence !» : passe d’armes entre le RN et le gouvernement sur l’affaire Lola