Sur les 5 000 mineurs isolés arrivés en France en 2023, 2 000 se trouvent dans le département des Alpes-Maritimes. Face à «une situation explosive», François Sauvadet, président de l'ADF, demande «des moyens complémentaires» à l'Etat.
L’Assemblée des départements de France (ADF) a réclamé ce 11 mai au gouvernement son aide pour faire face à une «situation explosive» dans les Alpes-Maritimes, où se concentrent plus du tiers des mineurs isolés étrangers arrivés en France depuis janvier, créant l’«embolie» des structures d’hébergement locales.
Dans ce département frontalier de l’Italie, par lequel arrivent nombre de jeunes migrants après avoir traversé la Méditerranée, «environ 2 000» mineurs non accompagnés (MNA) ont été accueillis depuis le début de l’année, sur les 5 000 pris en charge sur l’ensemble du territoire, a alerté auprès de l’AFP le président de l’ADF François Sauvadet.
«Une situation explosive»
Ce dernier a demandé, lors d’une réunion dans la matinée du 11 mai avec les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Eric Dupond-Moretti, ainsi que la secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance Charlotte Caubel, «des moyens complémentaires» face à «une situation explosive», notamment dans les Alpes-Maritimes.
«Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités, sur le plan financier et en offrant une réponse opérationnelle», a demandé François Sauvadet, qui a notamment soumis l’idée que l’Etat «prenne en charge ces jeunes pendant la période d’évaluation de la minorité».
Les départements, chargés de l’accueil des mineurs isolés et de l’évaluation de leur âge, «ne sont pas armés pour faire face à cette vague d’immigration», a insisté l’ancien ministre de la Fonction publique : «Il faut que l’Etat assume que ces jeunes ne relèvent pas de la protection de l’enfance mais d’un afflux migratoire.»
Dans les Alpes-Maritimes, «on a épuisé toutes les capacités d’accueil du département, on n’a plus une place disponible, on a même recours aux hôtels», a encore alerté François Sauvadet.
Des forces de l’ordre en renfort à la frontière italienne
Une situation qui avait poussé le préfet du département à réquisitionner mi-avril un gymnase à Menton, à la frontière franco-italienne, sur demande du président du conseil départemental Charles-Ange Ginésy (LR), estimant que les arrivées de MNA dans le département étaient quatre fois supérieures à l’année précédente.
Le député des Alpes-Maritimes et président des Républicains Eric Ciotti avait lui aussi, mi-avril, demandé l’aide de Gérald Darmanin, car le département «n’a plus les moyens aujourd’hui de gérer le flux important et croissant d’étrangers se disant mineurs non accompagnés».
Depuis, des effectifs supplémentaires des forces de l’ordre ont été déployés à la frontière italienne, a affirmé François Sauvadet. «Mais ça ne suffit pas», a-t-il prévenu.
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