De passage à Moscou le 9 avril, la gouverneure de Gagaouzie Evguénia Gutul a dénoncé l'appauvrissement de cette région moldave. Cette situation suscite un mécontentement croissant de la population envers la présidente pro-européenne Maia Sandu, favorisant en parallèle une volonté de rapprochement avec Moscou.
«Ils ont essayé de baisser notre budget et nous empêchent de payer les primes de retraite. On nous limite en tout et on nous retire nos pleins pouvoirs», s’est plainte le 9 avril la gouverneure de la région de Gagaouzie Evguénia Gutul au micro de RIA Novosti.
Elle se trouvait alors en visite à Moscou, où elle et le président de l’assemblée nationale de Gagaouzie Dmitri Konstantinov ont signé un accord avec le président-directeur général de Promsviazbank Piotr Fradkov. Cet accord vise à l’établissement de «relations de partenariat sur le long terme» et au «développement de la coopération dans la sphère des finances et du crédit», relate RIA Novosti.
La Gagaouzie est une région autonome du sud de la Moldavie traditionnellement favorable à un rapprochement avec la Russie, tandis que la capitale Chisinau suit une politique pro-européenne. Le 23 juin 2022, les dirigeants de l’UE ont accordé à la Moldavie le statut de pays candidat, les négociations d’adhésion se sont ouvertes dans la foulée. Mais ces derniers temps, le pays a été secoué par de vifs mouvements de protestation.
«Notre peuple vit chaque jour de plus en plus mal», alerte Gutul
Le 29 mars dernier, à l’occasion de l’inauguration près du village de Congaz de lignes électriques aériennes entre Vulcanești et Chisinau en présence de la présidente moldave, plusieurs centaines d’habitants ont manifesté leur colère contre le gouvernement, certains brandissant des pancartes stipulant «La Gagaouzie est à nous, Maia ne fait pas partie des nôtres» ou «Maia vole notre argent». L’information était rapportée par le site d’information local Gagaouzinfo. La présidente avait alors été contrainte de fuir sous les huées, son véhicule empruntant pour cela un chemin de terre. Elle avait ensuite prétendu que les manifestants avaient été payés.
Toujours au cours de son entretien à RIA Novosti, la gouverneure a estimé que «quel que soit l’endroit où ira Maia Sandu, elle sera accueillie [ainsi]». Selon elle, «notre peuple vit chaque jour de plus en plus mal». Elle a ensuite balayé les accusations de Sandu : «Affirmer que les gens étaient payés, m’accuser ainsi que les membres de mon équipe (…) non, c’est vraiment une démarche désespérée de la part des habitants de Gagaouzie». Face à cette situation, Gutul a demandé l’aide de Moscou.
Chisinau tourné vers l’UE, Moscou accorde son soutien à la Gagaouzie
Le 6 mars en marge du festival mondial de la jeunesse organisé à Sotchi par la Russie, Evguénia Gutul avait rencontré le président Poutine pour s’assurer de son aide. A l’issue de leur entretien, elle avait déclaré: «Heureusement, Vladimir Vladimirovitch Poutine (…) nous a fait comprendre que la Fédération de Russie soutiendrait toujours le peuple de Gagaouzie (…) tant sur le plan économique que sur le plan social».
Outre la rencontre avec le président-directeur de Promsviazbank, Evguénia Gutul indiquait ce 11 avril sur son compte X que RosselKhoznadzor avait officialisé l’autorisation des importations en Russie de produits agricoles en provenance de Gagaouzie.
Another victory!
The Rosselkhoznadzor officially notifies that the import of agricultural products from Gagauzia to the territory of the Russian Federation is already allowed. pic.twitter.com/eQ5HTzdVsR
— Evghenia Gutul (@EvgheniaGutul) April 11, 2024
La Moldavie, dont le gouvernement est résolument tourné vers l’UE, est traversée de lignes de fractures. Avant la Gagaouzie, les députés de Transnistrie, une province de l’est, avaient adopté le 28 février une déclaration officielle demandant la «protection» de la Russie face à Chisinau, qui a par la suite adopté des mesures de rétorsion économique à l’encontre de ce territoire.
Etroite bande de terre située entre la Moldavie et l’Ukraine, la Transnistrie a déclaré son indépendance après une courte guerre en 1992 contre l’armée moldave. La Russie y compte une force de maintien de la paix de 1 500 militaires.
La Transnistrie demande la «protection» de la Russie face aux pressions de la Moldavie