La collectivité territoriale de Corse, l'équivalent du Conseil régional de l'île, a annoncé la mise en berne du drapeau corse après la mort d'Yvan Colonna. Cette décision a été à l'origine de remous au sein de la classe politique française.
La collectivité territoriale de Corse (équivalent d’un conseil régional) a décidé de mettre en berne le drapeau historique de l’île après la «mort tragique» d’Yvan Colonna. Le militant indépendantiste qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, est décédé dans la soirée du 21 mars des suites de son agression par un codétenu condamné pour terrorisme à la prison d’Arles début mars.
Dans un communiqué publié le 22 mars, la collectivité corse a annoncé avoir pris cette décision «pour exprimer la tristesse collective ressentie par [le] peuple [corse] après la mort tragique d’Yvan Colonna».
Mise en berne des drapeaux de la Collectivité de Corse pic.twitter.com/ZRfmgiyJf9
— Cullettività di Corsica – Collectivité de Corse (@IsulaCorsica) March 22, 2022
Cette décision a rapidement suscité la désapprobation parmi certains responsables politiques. A commencer par celle du Président de la République : alors qu’il était interrogé sur ce sujet lors d’une interview sur M6, Emmanuel Macron a répondu sans autre commentaire : «C’est une faute et c’est inapproprié.»
A gauche, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (Gauche républicaine et socialiste) a dénoncé la décision de la collectivité corse mais aussi la faible réaction, selon elle, du chef de l’Etat. «Quelle honte! Des drapeaux en berne pour un assassin .. qui plus est d’un préfet. les mots d’Emmanuel Macron parlant de faute et d’action inappropriée sont d’une faiblesse confondante devant la gravité de cette provocation. On attends plus de force du président de la RÉPUBLIQUE», a-t-elle déclaré.
Quelle honte! Des drapeaux en berne pour un assassin .. qui plus est d’un préfet. les mots d’E Macron parlant de faute et d’action inappropriée sont d’une faiblesse confondante devant la gravité de cette provocation. On attends plus de force du président de la RÉPUBLIQUE #Corsepic.twitter.com/QGYNMYrX8P
— MN Lienemann (@mnlienemann) March 23, 2022
Même son cloche chez Manuel Valls. «Une chose est de respecter la douleur et le deuil de la famille Colonna, une autre est de transformer un homme, condamné pour l’assassinat d’un préfet de la République, en héros et martyr. C’est insupportable. J’imagine que l’Etat sur place réagira», a déclaré l’ancien Premier ministre.
Une chose est de respecter la douleur et le deuil de la famille Colonna, une autre est de transformer un homme, condamné pour l’assassinat d’un Préfet de la République, en héros et martyr. C’est insupportable. J’imagine que l État sur place réagira. https://t.co/YR9vpt2J2r
— Manuel Valls (@manuelvalls) March 23, 2022
Le mouvement Printemps républicain, a également dénoncé une «décision indigne» de la collectivité de Corse. «Toute la lumière doit être faite sur le meurtre d’Yvan Colonna mais qu’on lui rende un hommage public est inconcevable», a écrit l’association laïque sur son compte Twitter.
Décision indigne de la collectivité de Corse de mettre ses drapeaux en berne pour l'assassin du préfet Erignac. Toute la lumière doit être faite sur le meurtre d'Y. Colonna mais qu'on lui rende un hommage public est inconcevable.
Pour rappel le 🇨🇵 est la langue de la République https://t.co/jXAHKifh0I— Printemps Républicain (@printempsrepub) March 23, 2022
A droite, le député LR Julien Aubert a lui aussi fustigé la décision de la collectivité territoriale de Corse. «Voilà maintenant qu’en France, une collectivité locale partie intégrante de la République met les drapeaux en berne […] pour saluer la mémoire de l’assassin de préfet ? Quelle que soit l’émotion, c’est inacceptable», a-t-il lancé.
Voilà maintenant qu’en France, une collectivité locale partie intégrante de la République met les drapeaux en berne – et donc le 🇫🇷 – pour saluer la mémoire de l’assassin de préfet ? Quelle que soit l’émotion, c’est inacceptable @GDarmanin ! @manuelvalls@chevenement. https://t.co/DYdcvoG7V9
— Julien Aubert (@JulienAubert84) March 23, 2022
L’agression d’Yvan Colonna avait provoqué une explosion de colère, avec des manifestations parfois violentes, à travers toute la Corse. Cette colère avait culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, avec une manifestation qui avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l’ordre.
Le calme est revenu la semaine passée avec une visite de trois jours en Corse du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, visite au cours de laquelle le locataire de la place Beauvau a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l’île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité.
Après la mort d’Yvan Colonna, plusieurs rassemblements en Corse (VIDEOS)