La Russie a refusé que la Suisse puisse représenter diplomatiquement l'Ukraine, en raison des sanctions européennes que Berne applique également, et qui constituent pour Moscou une perte du «statut neutre» du pays alpin.
La Russie a annoncé le 11 août avoir refusé que la Suisse représente diplomatiquement Kiev sur le territoire russe, estimant que Berne avait «perdu son statut neutre» en sanctionnant Moscou pour son opération militaire en Ukraine. Le 10 août, le ministère suisse des Affaires étrangères a annoncé que l’Ukraine souhaitait que la Suisse représente ses intérêts en Russie.
«Malheureusement, la Suisse a perdu son statut d’Etat neutre et ne peut agir ni comme médiateur ni comme représentant des intérêts [ukrainiens]», a déclaré le 11 août à la presse un porte-parole de la diplomatie russe, Ivan Netchaïev. Il a confirmé que la Suisse avait demandé l’aval de Moscou pour y représenter les intérêts ukrainiens. Il a également dénoncé le soutien apporté par Berne à Kiev et les sanctions suisses mises en place contre la Russie en raison de l’opération militaire russe en Ukraine.
«Il est tout à fait incompréhensible de proposer une médiation, une représentation ou d’autres services de bonne volonté alors que l’on se comporte de cette manière», a ajouté Ivan Netchaïev.
Lorsque deux Etats rompent entièrement ou partiellement leurs relations, la Suisse, qui se prévaut de sa neutralité, est habituée à assumer une partie de leurs tâches diplomatiques ou consulaires. La puissance protectrice permet aux Etats concernés de maintenir un minimum de relations et peut aussi permettre d’assurer la protection consulaire des ressortissants du premier sur le territoire du second et du second sur le territoire du premier. C’est au XIXe siècle que la Suisse a, pour la première fois, assumé un rôle de puissance protectrice en représentant en France les intérêts du Royaume de Bavière et du Grand-Duché de Bade pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871.
L’activité de puissance protectrice de la Suisse a atteint son apogée pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’elle représentait les intérêts de 35 Etats. Le pays alpin exerce aujourd’hui moins de dix mandats. La Suisse représente notamment les intérêts russes en Géorgie et les intérêts géorgiens en Russie depuis 2009. Elle représente aussi les intérêts de l’Iran en Egypte depuis 1979 et ceux de l’Iran au Canada depuis juin 2019.
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