France

Militante féministe identitaire en garde à vue : la droite française s’insurge

Placée en garde à vue le matin du 9 avril avant d'être relâchée en fin d'après-midi pour avoir brandi une pancarte «violeurs étrangers dehors», une jeune femme du collectif féministe identitaire Nemesis est visée par une plainte du maire de Besançon pour «incitation à la haine ou à la violence en raison de l’origine».

Aurore Bergé à l'Élysée le 12 janvier 2024 (image d'illustration).

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«Violeurs étrangers dehors», «Libérez-nous de l’immigration» : ces pancartes brandies dans les rues de Besançon en Franche-Comté dans l’Est de la France lors du carnaval de la ville le 7 avril ont fait l’objet d’une plainte du maire de la ville, l’écologiste Anne Vignot.

Une des deux jeunes filles à l’initiative de l’action, Yona, 19 ans, a été placée en garde à vue le 9 avril. Selon le collectif Némésis auquel les deux militantes sont rattachées, les deux jeunes femmes risquent jusqu’à un an de prison. Une perquisition a même eu lieu au domicile du père de Yona et l’ordinateur de celle-ci a été placé sous scellés, toujours selon la même source. 

Le RN et Reconquête en soutien

L’annonce de la garde à vue des deux jeunes militantes a provoqué un élan de soutien à droite, du côté du Rassemblement national (RN) et de Reconquête. Le sénateur de Marseille Stéphane Ravier a ainsi témoigné de son soutien à la militante placée en garde à vue, taclant au passage le ministre de l’Intérieur qu’il accuse de laisser «entrer des millions de migrants sans rien contrôler» et de ne pas «expulser les violeurs».

La tête de liste du parti d’Éric Zemmour aux élections européennes Marion Maréchal a également apporté son soutien à la jeune fille placée en garde à vue. «Au moins 46 femmes ont été violées par des migrants OQTF [Obligation de quitter le territoire] en 2023, 46 vies brisées par le laxisme migratoire», a-t-elle rappelé.

Son concurrent aux élections européennes, le président du RN Jordan Bardella, s’est indigné de cette garde à vue, constatant amèrement : «Dans la France d’Emmanuel Macron, une pancarte appelant à expulser les violeurs étrangers (position exprimée, à l’époque, par Marlène Schiappa) suffit à finir en garde à vue.»

La conseillère régionale Grand Est Muriel Di Rezze s’est de son côté affichée avec une pancarte de soutien, en compagnie d’un militant RN et avec des pancartes analogues à celles de la manifestation bisontine.

Une confrontation gauche-droite sur la question féministe

Géraldine Grangier, députée RN du Doubs, a de son côté pris à partie Anne Vigot, maire écologiste de Besançon. «En voulant faire taire, on amplifie le propos et on provoque incompréhension et colère», a-t-elle noté. L’avocat du collectif, maître Frédéric Pichon, a de son côté dénoncé auprès du Figaro «un détournement de procédure à des fins politiques, attentatoire à la liberté d’expression» et prévenu qu’il allait porter plainte pour «atteintes à la liberté individuelle» par une personne dépositaire de l’autorité publique.

Le collectif Némésis communique par ailleurs sur le bilan du maire de la ville, qui avait proposé en 2021 d’accueillir des réfugiés afghans, et affirme qu’en août 2023 une jeune femme a été «agressée sexuellement par l’un de ces réfugiés».

En septembre 2023, la maire socialiste de Lille Martine Aubry avait porté plainte contre le collectif Némésis pour incitation à la haine raciale après le déploiement de banderoles dénonçant «l’insécurité grandissante et l’islamisation de Lille».

Mélenchon réclame «le scalp» des jeunes filles

Le 9 avril au soir, c’est à Nantes qu’une nouvelle action du collectif a fait polémique. Intervenant dans un amphithéâtre où se trouvait Jean-Luc Mélenchon et le député LFI Louis Boyard, des militantes portaient cette fois-ci des pancartes sur lesquelles étaient rappelées des anciennes citations du fondateur des Insoumis qui qualifiait la burqa «d’obscène» et le voile d’objet de «soumission». Les militantes disent avoir été molestées par le service de sécurité et Jean-Luc Mélenchon a de son côté tenu des propos controversés en réclamant «le scalp» des jeunes filles depuis son fauteuil…

Le député RN de l’Ain Jérôme Buisson s’en est ému sur les réseaux sociaux, estimant à propos de l’ancien candidat à la présidentielle : «La violence coule dans ses veines.»

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