Le bloc ouest-africain donne la priorité à la diplomatie pour résoudre la crise au Niger, tout en maintenant sa menace d'intervention militaire pour y «rétablir l'ordre constitutionnel», ce 9 août à la veille d'un sommet régional.
Dans la nuit du 8 au 9 août, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a déclaré dans un communiqué qu’elle continuerait «à déployer toutes les dispositions nécessaires en vue d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel au Niger», c’est-à-dire rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat le 26 juillet.
Le 8 août au soir, le président du Nigeria Bola Tinubu, actuellement à la tête de la Cédéao, avait déjà assuré que la diplomatie était la «meilleure voie à suivre», sans toutefois exclure une intervention militaire, selon son porte-parole Ajuri Ngelale. «Aucune option n’a été écartée par la Cédéao», a-t-il insisté.
Le Nigeria s’exprimait pour la première fois depuis l’expiration le 6 août d’un ultimatum de sept jours fixé le 30 juillet aux militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey. Un sommet de la Cédéao doit se tenir le 10 août à Abuja, la capitale nigériane.
Le régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger semble insensible aux offres de négociations. Le 8 août, une délégation conjointe de la Cédéao, de l’Union africaine et des Nations unies n’a pu se rendre dans le pays sahélien, a confirmé en soirée l’organisation régionale.
Cette mission a été annulée à la suite d’une communication des autorités militaires du Niger indiquant qu’elles n’étaient «pas en mesure de recevoir la délégation tripartite», selon la Cédéao.
Les militaires à Niamey ne cèdent pas
Les militaires au pouvoir à Niamey avaient de leur côté invoqué des raisons de «sécurité, dans cette atmosphère de menace d’agression contre le Niger». «Le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cédéao ne permet pas d’accueillir la dite délégation dans la sérénité et la sécurité requises», selon une lettre à la Cédéao du ministère nigérien des Affaires étrangères.
«Les autorisations diplomatiques permanentes» accordées pour 2023 «aux aéronefs des pays amis et partenaires du Niger sont temporairement suspendues», a signifié le même ministère dans une autre lettre, sans préciser le type d’appareils ni les pays concernés.
Le coup n’a pas été «fomenté par la Russie ou par Wagner», selon Blinken
Le report de la visite de la délégation ouest-africaine s’ajoute à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens : la nomination le 7 août d’un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui apparaît comme la première étape vers la désignation d’un gouvernement de transition.
La France, ancienne puissance coloniale régulièrement vilipendée lors de manifestations en Afrique de l’Ouest, a fait savoir de source diplomatique qu’elle appuyait «les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie» au Niger. Les Etats-Unis, partenaires privilégiés avec la France dans la lutte contre les groupes djihadistes qui minent ce pays riche en uranium et une grande partie de la région du Sahel, ont également tenté le dialogue. Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a fait savoir sur X (ex-Twitter) qu’il avait parlé à Mohamed Bazoum, assigné à résidence à Niamey, pour exprimer les efforts continus des Etats-Unis «pour trouver une solution pacifique à la crise constitutionnelle actuelle».
Antony Blinken a aussi estimé le 8 août dans une interview à la BBC que le départ forcé de Mohamed Bazoum n’avait pas été «fomenté par la Russie ou par Wagner», tout est étant persuadé que le groupe russe de mercenaires «essaierait d’en tirer profit».
«Nous avons toujours de l’espoir, mais nous sommes aussi très réalistes», a déclaré le 8 août le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, déclarant «tout à fait regrettable» le report de la visite de la délégation de la Cédéao.
Le 7 août, la numéro deux de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, était venue à Niamey pour rencontrer les auteurs du coup d’Etat, réunion à laquelle n’a pas participé le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger. Elle n’a pas non plus rencontré le président Bazoum. Les discussions «ont été extrêmement franches et par moment assez difficiles», a-t-elle reconnu.
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