Le Premier ministre australien Anthony Albanese a annoncé que son prédécesseur conservateur Scott Morrison sera visé par une motion de censure pour s'être secrètement auto-désigné à la tête de cinq ministères pendant la crise sanitaire.
L’ancien Premier ministre australien Scott Morrison se trouve exposé à une motion de censure qui sera présentée cette semaine au Parlement pour s’être nommé lui-même en secret à plusieurs portefeuilles ministériels durant la pandémie de Covid-19, a annoncé ce 28 novembre son successeur, le travailliste Anthony Albanese.
Scott Morrison s’était auto-désigné aux postes de ministre des Finances, de l’Intérieur, du Trésor, des Ressources minières, de l’Agriculture et de l’Environnement, sans le divulguer publiquement et sans en faire part aux ministres en poste.
Le Parlement va tenter de réviser la loi pour s’assurer que les nominations ministérielles soient rendues publiques, a fait savoir Anthony Albanese. Selon lui, son prédécesseur conservateur, qui a perdu les élections en mai, doit être tenu politiquement responsable. «Nous introduirons cette semaine un projet de loi pour garantir que cela ne se reproduise plus jamais», a-t-il annoncé accentuant la pression sur Scott Morrison pour que celui-ci démissionne de son mandat de parlementaire.
Le scandale a jeté la lumière sur la nature opaque de la prise de décision dans le gouvernement australien et a suscité des questions sur la nécessité d’ajouter d’autres garde-fous démocratiques.
Une enquête récente, menée par une ancienne juge de la Haute Cour d’Australie, la plus haute juridiction du pays, a estimé que ces actes avaient été «nuisibles à la confiance vis-à-vis du gouvernement» et a recommandé de supprimer plusieurs vides juridiques permettant aux nominations de rester secrètes.
Malgré l’indignation qu’elles ont pu susciter, les actions de Scott Morrison ont été finalement jugées légales. L’ancien Premier ministre a défendu ses actes, les qualifiant de «prudents» et de nécessaires en période de pandémie mondiale.
Selon Scott Morrison, la période «non conventionnelle» de la pandémie justifiait ces nominations
Le Premier ministre australien Anthony Albanese avait accusé en août son prédécesseur d’un «saccage sans précédent» de la démocratie en s’étant nommé lui-même en secret à ces portefeuilles ministériels, ce que Scott Morrison avait justifié par le caractère exceptionnel de la crise sanitaire. «Nous oublions parfois ce qui se passait il y a deux ans et la situation à laquelle nous étions confrontés, c’était une période sans précédent, ce n’était pas une période conventionnelle», s’était alors défendu l’ancien Premier ministre lors d’une interview avec la radio australienne 2GB. L’Australie avait adopté des mesures sévères au cours de la crise du Covid-19, dont des confinements à répétition de grandes villes telles que Melbourne.
Dans le système parlementaire australien, les motions de censure peuvent viser le gouvernement ou un ministre en particulier. En 2018, l’ancien ministre des PME Bruce Billson avait été visé par une procédure de ce type pour conflit d’intérêts.
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