L'ambassadeur russe à Washington, Anatoli Antonov a relativisé ce 21 novembre l’annonce par le Pentagone d'une nouvelle aide militaire de 100 millions de dollars à Kiev. Pour le diplomate russe, il ne s'agit que d'un geste symbolique envers un pouvoir ukrainien aux abois.
L’annonce par le Pentagone d’une nouvelle livraison d’armes à Kiev «n’est autre qu’un calmant donné à Zelensky par ses “bienfaiteurs” d’outre-Atlantique», a déclaré ce 21 novembre Anatoly Antonov sur le canal Telegram de l’ambassade de Russie à Washington.
Pour le diplomate, la situation «sur le front et au sein du pouvoir ukrainien» serait «à la limite de l’effondrement total». Une affirmation qui tranche avec celles des représentants américains et allemands de la Défense, qui se sont succédés à Kiev ces jours-ci.
Les Ukrainiens «ont fait un excellent travail», selon Austin
Ainsi, le chef du Pentagone Lloyd Austin a effectué le 20 novembre une visite surprise à Kiev pour rencontrer le président ukrainien. A cette occasion, son ministère a annoncé l’allocation d’une nouvelle tranche d’aide militaire de 100 millions de dollars, comprenant notamment des missiles anti-aériens Stinger, des lance-roquettes HIMARS, des obus de 105 et 155 mm, ou encore des équipements adaptés au froid.
«Le message que je vous porte aujourd’hui, Monsieur le Président», a affirmé Austin, «est que les États-Unis d’Amérique sont avec vous», avant de l’assurer qu’ils «resteront avec vous pour longtemps». Après la rencontre, Austin a déclaré devant les journalistes que les Ukrainiens étaient «préparés pour combattre l’hiver». «Ils ont fait un excellent travail l’an dernier. Cette année, nous nous attendons à ce qu’ils soient […] encore plus agressifs», a-t-il ajouté.
Un hommage qu’a également rendu, ce 21 novembre Oscar Pistorius. Le ministre allemand de la Défense a fait part de son «admiration pour le combat courageux, brave et coûteux qui est mené ici», en déposant une gerbe de fleurs sur la place Maïdan à l’occasion du dixième anniversaire du soulèvement. Au lendemain de la visite de son homologue américain, le ministre allemand a également annoncé une nouvelle aide militaire, de 1,3 milliard d’euros.
Les livraisons d’armes «prolongent l’agonie du régime de Kiev»
«On retiendra que ce cadeau mortifère est annoncé la veille du dixième anniversaire de l’Euromaïdan», a souligné le diplomate russe Anatoli Antonov, toujours sur Telegram. Il a en outre estimé que le «symbolisme tragique de la “bienfaisance” de Washington consist[ait], pour les auteurs et idéologues de la campagne antirusse, à laisser entendre aux Ukrainiens : ils sont encore de la partie et on continue à miser sur eux».
Or, selon Antonov, «pour le complexe militaro-industriel américain, la seule chose qui compte, c’est que le “projet Ukraine” rapporte». «Toutes les livraisons d’armes dans des États post-soviétiques ne font que prolonger l’agonie du régime ruiné de Kiev», conclu l’ambassadeur.
Ces visites interviennent à un moment critique pour l’Ukraine, alors que sa contre-offensive lancée au mois de juin a échoué. De surcroît, le déclenchement le 7 octobre de la guerre entre Israël et le Hamas a fait craindre au président ukrainien que l’aide américaine soit désormais allouée au soutien à Tsahal, au détriment de Kiev.
Ukraine : chute des livraisons de munitions, selon Kiev
Une crainte de plus en plus avérée. «Au Proche-Orient, que pensez-vous qu’ils aient commencé à acheter en premier ? Les [obus de] calibre 155» a déclaré à la presse Volodymyr Zelensky, le 16 novembre. «Nos approvisionnements ont diminué», avait ensuite ajouté le président ukrainien.
ABC News publiait ce 21 novembre un enquête rapportant les propos d’un responsable ukrainien, selon lequel les livraisons de munitions d’artillerie de l’OTAN auraient chuté «de plus de 30 %» depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza. Toujours selon cette source, «certains stocks américains destinés à l’Ukraine auraient été alloués à Israël».
Mi-octobre, citant des responsables israéliens, le site Axios relatait que le Pentagone prévoyait alors de réallouer à Israël «des dizaines de milliers d’obus» d’artillerie destinés aux forces de Kiev, afin de réapprovisionner ses stocks. Comme le révélait en début d’année le New York Times, les États-Unis avaient initialement puisé dans leur stock en Israël afin d’approvisionner l’armée ukrainienne en munitions d’artillerie.
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