Plusieurs dizaines de milliers d'Israéliens ont manifesté dans la soirée du 14 janvier à Tel-Aviv pour clamer leur opposition à la politique controversée de la coalition au pouvoir autour de Benjamin Netanyahou, craignant une dérive antidémocratique.
Dans la soirée du 14 janvier, Tel-Aviv a été le théâtre de la manifestation la plus importante depuis la prestation de serment le 29 décembre du gouvernement alliant des partis de droite, de droite radicale et ultraorthodoxes juifs, le plus à droite de l’histoire de l’Etat hébreu.
Une mobilisation similaire rassemblant plusieurs milliers de personnes avait eu lieu 7 janvier dans cette ville.
Many thousands in and around Habima square at Anti government protests in Tel Aviv it’s impossible to move. pic.twitter.com/L5HzV03FZV
— Mairav Zonszein מרב זונשיין (@MairavZ) January 14, 2023
Vers 21h, la place Habima, dans le centre de Tel-Aviv, était pleine et la foule débordait dans les rues adjacentes, selon des journalistes de l’AFP sur place. En l’absence d’estimations officielles, plusieurs médias ont indiqué que 80 000 manifestants s’y étaient rassemblés, citant des «sources policières».
Under pouring rain, ~100,000 #Israelis demonstrated in Tel Aviv against @Netanyahu's government, its corruption, the war it waged against the Supreme Court and the judiciary, and the demolition of fundamental constitutional values it promotes. Thousands demonstrated in Jerusalem. pic.twitter.com/kUVU5kPUlt
— Gilead Sher (@GileadSher) January 14, 2023
Des rassemblements plus restreints se sont tenus simultanément à Jérusalem, où environ un millier de manifestants se sont rassemblés devant la résidence du président Isaac Herzog et celle de Benjamin Netanyahou, selon la presse israélienne, et à Haïfa, grande ville au nord du pays.
Jerusalem ce soir plusieurs milliers devant la résidence présidentielle. Manifestation contre le gvt Netanyahu pic.twitter.com/IyqIi3w2M7
— Charles Enderlin (@Charles1045) January 14, 2023
Les manifestants répondaient à l’appel d’une organisation anticorruption, autour de mots d’ordre appelant à «sauver la démocratie» et à empêcher «le renversement du régime» politique en vigueur en Israël depuis sa création en 1948.
Plusieurs personnalités de l’opposition présentes
Des partis du centre, de gauche et l’alliance des partis arabes Hadash-Taal ont appelé les Israéliens à manifester, notamment contre la réforme de la justice présentée le 4 janvier par le gouvernement de Benjamin Netanyahou, poursuivi dans plusieurs dossiers de corruption présumée.
Ils demandent aussi la démission du chef du gouvernement à cause de ces affaires. A cela s’agrègent d’autres mécontents : opposants à la colonisation israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé, ou mouvements de défense LGBTQ inquiets de la présence au gouvernement de ministres ouvertement homophobes.
Plusieurs personnalités politiques, dont la dirigeante du Parti travailliste Merav Michaeli, l’ancien ministre de la Défense Benny Gantz et l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, étaient présents.
Selon l’AFP, c’est le slogan «Démocratie, démocratie» qui revenait le plus souvent. En l’absence de constitution officielle écrite, le pouvoir judiciaire est en Israël le seul en mesure de contrôler le gouvernement et de sauvegarder les droits individuels.
Les critiques de la réforme judiciaire estiment qu’elle accorderait un contrôle illimité au Premier ministre, mettant en danger la démocratie israélienne telle qu’elle existe depuis 1948. Ils disent craindre une dérive vers une démocratie illibérale.
De juillet 2020 à juin 2021, le Mouvement des drapeaux noirs avait soutenu une campagne de contestation de longue haleine contre Benjamin Netanyahou pour exiger sa démission à cause des scandales de corruption auxquels il est mêlé.
Chef du Likoud, le grand parti de la droite israélienne, et détenteur du record de longévité à la tête du gouvernement israélien, Netanyahou a été chassé du pouvoir en 2021 par une coalition électorale hétéroclite qui aura tenu moins d’un an.
Netanyahou a pris fin décembre la tête d’un nouveau gouvernement à l’issue des élections législatives de novembre, les cinquièmes en quatre ans, dont les résultats témoignent du morcellement de l’électorat et des divisions internes de la société.
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