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Nucléaire : en pleine croissance, Rosatom entend prendre ses marques dans le golfe Persique

Le directeur de Rosatom accompagnait le président Poutine lors de son voyage dans les pays du Golfe le 6 décembre. À cette occasion, il a accordé un entretien à RT, où il évoque les perspectives de coopération dans cette région du monde.

«Nous espérons vivement que la deuxième centrale nucléaire des Émirats arabes unis sera de conception russe», a déclaré le patron de Rosatom Alexeï Likhatchov au micro de RT. «En outre, nous coopérons bien sûr dans le domaine de la logistique, principalement dans l’intérêt de la route maritime du Nord», a-t-il poursuivi, lors de cette interview accordée le 6 décembre à l’occasion de la tournée dans le Golfe de Vladimir Poutine.

Alexeï Likhatchov a indiqué que, pour l’heure, la seule centrale nucléaire des Émirats, située à Barak, était de fabrication coréenne. Néanmoins, 50% des approvisionnements en combustible de cette centrale proviennent de Rosatom, a-t-il assuré.

«Le dialogue est très ouvert et intéressé»

Alexeï Likhatchov a ajouté que Rosatom encourageait les Émiratis à élargir leur parc nucléaire, en se dotant de grandes ou de petites unités (appelées aussi Petits réacteurs modulaires, PRM), mais aussi de centrales mobiles, dont certaines flottantes (FNPP pour Floating Nuclear Power Plant). «Le dialogue est très ouvert et intéressé», a-t-il assuré.

La seule centrale nucléaire flottante existante à ce jour est L’Académicien Lomonossov. Depuis sa mise en service en 2020, cette dernière a déjà produit 700 millions de KWh d’électricité pour la ville de Kevek, la plus septentrionale du pays, où la station est amarrée. Ce système permet ainsi d’approvisionner en énergie des endroits reculés ou difficiles d’accès, là où l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction d’une centrale est quasi-impossible.

Concernant l’Arabie saoudite, Alexeï Likhatchov a précisé que le royaume wahhabite n’en était qu’au «stade initial du développement de l’énergie nucléaire». Néanmoins, Rosatom espère bien remporter l’appel d’offres pour y construire la première centrale nucléaire. Une centrale nucléaire de deux unités, a-t-il ajouté. «J’espère qu’en 2024, le maître d’œuvre de la centrale nucléaire en Arabie Saoudite sera désigné», a confié Alexeï Likhatchov, ajoutant que ce serait «un grand honneur» pour son entreprise de construire une telle centrale.

«Les sanctions nous ont endurcis»

Interrogé par RT sur les difficultés occasionnées par les sanctions mise en place par les pays occidentaux suite au déclenchement de l’offensive russe en Ukraine, Alexeï Likhatchov a reconnu ressentir des «pressions», notamment pour la fourniture de «certains composants» que des pays ne fournissent plus par crainte des sanctions. «Nous sommes une entreprise très ouverte, tous nos projets sont internationaux et nous avons prévu des livraisons en provenance de différents pays», a-t-il souligné.

Toutefois, le directeur de Rosatom a relativisé l’impact de ces sanctions. «Je suis rarement à Moscou», a-t-il précisé, assurant qu’il avait «énormément de contacts internationaux». Au-delà de ses prospects, Rosatom développe actuellement une multitude de projets en Turquie, en Égypte, en Hongrie, en Chine ou encore au Bengladesh. «Ce n’est pas seulement que les sanctions nous ont endurcis, elles nous ont rendus plus forts et plus ingénieux», a-t-il noté.

Alexeï Likhatchov pense également que les sanctions occidentales amènent les partenaires de la Russie à la conclusion que, tôt ou tard, «s’ils se comportent d’une manière qui ne plaît pas à Washington, ils risquent de recevoir le même train de sanctions, y compris des restrictions technologiques». Par conséquent, de plus en plus de pays planchent sur des projets de «souveraineté technologique». Or, le nucléaire fait justement partie des domaines de cette souveraineté aujourd’hui recherchée.

La prééminence du nucléaire russe a été reconnue par le think tank américain Energy Innovation Reform Project (EIRP) dans une analyse datant d’avril dernier. Il y était affirmé que la Russie était le «leader mondial sur le marché de l’exportation de produits nucléaires, Rosatom contrôlant près de la moitié du processus d’enrichissement d’uranium et 70% de l’exportation de réacteurs nucléaires». Le rapport concluait sur le constat que «réduire le poids global de Rosatom ne serait un défi ni rapide, ni facile, ni bon marché».

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