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Troupes occidentales en Ukraine : Macron réitère qu’il n’«exclut rien»

Dans un entretien à The Economist publié ce 2 mai, le président français a de nouveau assumé la possibilité de déployer des troupes occidentales en Ukraine, notamment si Kiev venait à en faire la demande. «C'est son cycle», a ironisé dans la foulée la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Réunion européenne à l'Élysée, le 26 février 2024.

Troupes occidentales en Ukraine : les dirigeants européens désavouent Macron

«Je n’exclus rien, parce que nous avons face à nous quelqu’un qui n’exclut rien», a affirméEmmanuel Macron dans un entretien publié ce 2 mai dans The Economist. Interrogé sur ses propos de fin février, où il déclarait ne pas vouloir exclure l’envoi de troupes occidentales au sol, le président français a maintenu sa position.

«Nous ne devons rien exclure parce que notre objectif est que la Russie ne puisse jamais gagner en Ukraine», a-t-il lancé. «Nous avons sans doute été trop hésitants en formulant les limites de notre action à quelqu’un qui n’en a plus et qui est l’agresseur», a-t-il encore estimé. «L’écarter a priori, c’est ne pas tirer les enseignements des deux dernières années», a-t-il insisté, rappelant que les pays de l’OTAN avaient d’abord exclu de fournir aux forces de Kiev des chars et des avions de combat avant de finalement changer d’avis.

«Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui –, on devrait légitimement se poser la question», a assuré le président français, après avoir souligné que Paris avait «à la demande d’États souverains» déployé «plusieurs milliers d’hommes au Sahel» dans un contexte de lutte contre les djihadistes.

«C’est son cycle», tacle la diplomatie russe

Des déclarations qui ont fait réagir à Moscou. «Apparemment, cela a quelque chose à voir avec les jours de la semaine, c’est son cycle», a ironisé ce 2 mai la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova, citée par l’agence TASS.

Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte d’exacerbation des tensions entre la France et la Russie, cette dernière dénonçant l’implication croissante de Paris en Ukraine depuis l’annonce mi-janvier de la livraison aux forces de Kiev de missiles de croisière Scalp supplémentaires.

Le 26 février à Paris, à l’issue d’une conférence internationale sur le soutien à l’Ukraine, Emmanuel Macron avait déclaré, au nom d’une doctrine d’«ambiguïté stratégique», qu’un envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait «être exclu», tout en reconnaissant qu’il n’existait à ce stade pas de «consensus» parmi les alliés de Kiev. Une position désavouée par l’écrasante majorité des chancelleries occidentales, y compris Washington. «Il n’y aura pas de troupes américaines engagées au sol en Ukraine», avait ainsi déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby.

Macron prétend que «beaucoup de pays» comprendraient sa démarche

Depuis, le président français a réitéré à plusieurs reprises sa position, tant auprès de médias étrangers que dans un cadre plus restreint, comme l’avait rapporté mi-mars le quotidien Le Monde. Celui-ci avait relaté qu’Emmanuel Macron avait, en marge d’une cérémonie au Panthéon, déclaré à des convives que «de toute façon, dans l’année qui vient» il allait «devoir envoyer des mecs à Odessa». Toujours selon les journalistes français, l’envoi de troupes au sol serait une option examinée à Paris depuis juin 2023.

«Beaucoup de pays ont dit qu’ils comprenaient notre démarche dans les semaines qui ont suivi, qu’ils rejoignaient notre position et que cette position était une bonne chose», a encore affirmé le président français à The Economist.

Le 6 avril, le président ukrainien avait de son côté admis : «Je ne peux pas dire publiquement aujourd’hui : “armées du monde entier, venez en Ukraine et combattez !”», lors d’une interview diffusée sur la chaîne Mi Ukraïna. «Pourquoi ? Parce que la Russie le reprendra et cela fera le buzz dans le monde», avait-il expliqué.

Paris tente-t-il en même temps d’entrouvrir des portes ?

Du côté de l’exécutif russe, Vladimir Poutine avait averti le 13 mars que son pays n’aurait pas de «lignes rouges» contre ceux qui n’en ont pas à son égard. «Ces États doivent comprendre les répercussions de ces déclarations provocatrices», avait déclaré le président russe lors d’une interview à la télévision nationale, au cours de laquelle il avait pour la première fois réagi aux propos de son homologue français sur l’envoi de troupes occidentales en Ukraine.

Dans le même temps, Emmanuel Macron semble avoir tenté de timides ouvertures, à l’instar de l’intention de Paris, ébruitée mi-avril par Europe1, d’inviter la Russie aux commémorations du 80e anniversaire du débarquement de Normandie ou encore de l’échange téléphonique début avril entre le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgou, demandé par la partie française. Echange qui a toutefois tourné au vinaigre.

Plus récemment, Bloomberg révélait la préparation par l’Élysée d’une «offensive de charme» à destination du président chinois Xi-Jinping, à l’occasion de sa prochaine visite en France. Visite au cours de laquelle Emmanuel Macron prévoirait, toujours selon la même source, d’«appeler le dirigeant chinois à exhorter Vladimir Poutine à mettre fin à la guerre russe en Ukraine», relate l’agence américaine. En avril 2013 Bloomberg relatait déjà que le président français avait chargé son conseiller en politique étrangère, Emmanuel Bonne, de travailler avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, en vue de préparer des pourparlers de paix entre Kiev et Moscou «dès cet été». 

La Russie n’aura pas de «lignes rouges» contre ceux qui n’en ont pas contre elle, prévient Poutine

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