Le Premier ministre hongrois a de nouveau accusé les autorités européennes de faire obstacle au versement de 12 milliards d'euros à son pays pour des raisons politiques, qui traduisent selon lui une véritable «phobie» à l'encontre de Budapest.
Lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a dénoncé ce 21 décembre la «hongrophobie» régnant selon lui dans les cercles dirigeants de l’Union européenne (UE), celle-ci conditionnant le versement de fonds réservés à Budapest à la mise en œuvre de réformes anti-corruption.
Un compromis a finalement été trouvé mi-décembre lorsque les Etats membres ont accepté de réduire le montant des sommes gelées, mais près de 12 milliards d’euros demeurent suspendus, l’UE jugeant «insuffisantes» les mesures déjà adoptées par Budapest, qui a levé son veto à l’impôt minimum sur les multinationales et à une aide de 18 milliards d’euros à l’Ukraine. Plus précisément, 6,3 milliards doivent être versés à la Hongrie dans le cadre du budget européen 2021-2027 d’une part, et 5,8 milliards au titre du plan de relance post-Covid d’autre part.
Orban dit combattre «un monde gouverné par le libéralisme»
«Nous avons trouvé un accord avec l’UE, une performance exceptionnelle de notre part alors que nous avons dû combattre la hongrophobie dans un monde gouverné par le libéralisme», a déclaré le dirigeant. Or, «sans cette hongrophobie», un terme qu’il a utilisé à plusieurs reprises, «il nous aurait fallu un ou deux jours seulement», a-t-il assuré.
La procédure lancée par la Commission européenne pour les «violations de l’Etat de droit constatées», d’après Bruxelles, dans ce pays d’Europe centrale est, selon Viktor Orban, «de nature à porter un coup fatal à l’UE». Selon lui, «une poignée de personnes» obsédées par cet enjeu «essaient d’imposer leur volonté à quelques pays».
Le Premier ministre a particulièrement ciblé le Parlement européen, qui avait estimé en septembre que la Hongrie n’était plus une démocratie mais un «régime hybride d’autocratie électorale». Avant même le scandale de corruption présumée impliquant le Qatar qui ébranle l’institution depuis l’arrestation de sa vice-présidente Eva Kaili, la réputation de l’instance était «déjà réduite à néant», a-t-il asséné.
«Il faut curer le marigot», a-t-il répété, empruntant un des slogans souvent utilisés par l’ancien président américain Donald Trump («Drain the swamp»), dont il partage une série de vues. Le Premier ministre n’avait pas manqué d’ironiser sur le «Qatargate», pointant le décalage entre les préoccupations affichées par Bruxelles au sujet de la corruption dans son pays et les révélations sur l’argent liquide retrouvé au domicile d’Eva Kaili. Viktor Orban prône régulièrement une limitation des pouvoirs du Parlement et une élection des eurodéputés par les gouvernements nationaux plutôt que par le biais d’un vote direct.
Début décembre, il avait déjà accusé «les bureaucrates de Bruxelles» de geler les fonds de soutien pour «des raisons politiques», évoquant la politique migratoire de Budapest et son opposition aux sanctions contre la Russie en réaction au conflit en Ukraine.
Interrogé par ailleurs sur ses projets alors qu’il en est à son quatrième mandat consécutif, le Premier ministre, âgé de 59 ans, a répondu n’avoir aucunement l’intention de se retirer de la vie politique. «Bien sûr, on ne peut pas dire pour combien de temps je vais pouvoir rester, mais ce n’est pas comme le football, Dieu décidera», a lancé ce passionné du ballon rond.
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