Confrontée à des défaillances à répétition, l'armée allemande a stoppé les commandes de blindés Puma censés remplacer leur ancêtre Marder et être utilisés dans un bataillon de déploiement «très rapide» de l'OTAN.
L’Allemagne va suspendre les nouvelles commandes de blindés Puma après des problèmes opérationnels mettant une nouvelle fois en lumière l’équipement défaillant de l’armée allemande, a annoncé la ministre de la Défense le 19 décembre.
«Tant que les véhicules ne seront pas fiables, il n’y aura pas de deuxième commande», a déclaré la ministre de la Défense Christine Lambrecht dans un communiqué. Ces «nouvelles pannes» sont un «revers cuisant» pour la Bundeswehr, a-t-elle admis.
Lors d’un exercice de l’armée allemande, les 18 véhicules blindés d’infanterie Puma utilisés sont tombés en panne, avait révélé le 18 décembre le magazine Spiegel. Les pannes touchent aussi bien la mécanique que l’électronique. Deux d’entre eux ont par ailleurs eu des problèmes avec les tourelles.
Tant que les véhicules ne seront pas fiables, il n’y aura pas de deuxième commande
L’inspecteur de l’armée de terre Alfons Mais a parlé «d’une panne importante et inattendue» dans «des conditions d’exercice exigeantes» alors que les véhicules s’étaient jusqu’ici montrés «fiables en termes de disponibilité opérationnelle».
Or, ces véhicules de combat d’infanterie devaient être utilisés, à partir de janvier, par la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF), un bataillon de l’OTAN de déploiement «très rapide» dont l’Allemagne doit prendre la tête à la succession de la France. Cette force doit pouvoir déployer environ 5000 hommes en quelques jours dans un pays membre de l’Alliance en cas d’agression. Les Puma seront pour l’instant remplacés par des vieux Marder. «L’OTAN peut continuer à compter sur le respect de nos obligations», a tenté de rassurer Christine Lambrecht.
Une armée fragilisée
Christine Lambrecht avait déjà déploré, en avril, que plus de la moitié des 350 Puma de la Bundeswehr, fabriqués par les groupes allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegmann (KMW), ne soient pas opérationnels. Cet incident met une nouvelle fois en lumière les défaillances de l’armée allemande.
«L’armée de terre que je dirige, est plus ou moins à sec», avait admis Alfons Mais cet hiver. Dans la marine, moins de 30% des bâtiments sont «pleinement opérationnels», selon un rapport de 2021 sur l’état de l’armée. Dans l’armée de l’air, un nombre élevé d’avions de transport de troupes ou de chasse sont incapables de voler.
Berlin a donc mis sur pied un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour mettre à niveau son équipement.
Le chancelier Olaf Scholz a affirmé fin septembre vouloir que l’Allemagne dispose ainsi de la «force armée la mieux équipée d’Europe».
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