Les ordures, l'absence d'eau potable et l'insalubrité ont fait exploser les maladies infectieuses dans la bande de Gaza. Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l'ONU pour les territoires palestiniens, souligne que les habitants sont «encore plus affamés car leur système immunitaire est affaibli par leurs conditions de vie».
Un système d’assainissement à l’agonie, des ordures qui s’amoncellent sur le bord des routes : à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, des conditions d’hygiène «misérables» s’ajoutent au désespoir de la guerre.
«Nous souffrons des odeurs nauséabondes […], les égouts sont infestés de moustiques qui piquent les gens et transmettent des infections», détaille Sayed Rafic abu Shanab, qui vit dans cette ville du sud du territoire palestinien où des centaines de milliers de Gazaouis se sont réfugiés après avoir fui les combats.
Selon l’ONU, la détérioration extrême des conditions sanitaires rend la population encore plus vulnérable après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.
«Les gens vivent dans des conditions misérables»
«L’assainissement est l’une des raisons centrales de la crise nutritionnelle, de la crise sanitaire et, je dirais même, de l’insécurité alimentaire», a déclaré le 18 mars à des journalistes Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l’ONU pour les territoires palestiniens.
«Les gens ont faim mais ils sont encore plus affamés car leur système immunitaire est affaibli par leurs conditions de vie. Les gens vivent dans des conditions misérables, marquées par le surpeuplement», a-t-il ajouté.
La bande de Gaza est plongée dans une crise humanitaire majeure. Un habitant sur deux y connaît une situation alimentaire «catastrophique», en particulier dans le nord où la famine sévira d’ici le mois de mai en l’absence de mesures «urgentes», ont prévenu le 18 mars les agences spécialisées de l’ONU.
À Rafah, où quelque 1,5 million de civils sont entassés, selon l’ONU, contre une population de 200 à 300 000 personnes avant la guerre, couches usagées et boîtes de conserves vides s’entassent au bord des routes, recouvertes de mouches.
Explosion des maladies infectieuses
«Il n’y a pas de collecte des déchets», explique Jamie McGoldrick. «Dans les camps, sur les routes, les papiers, le plastique, les conserves, les restes de nourriture s’accumulent», ajoute-t-il. Ces conditions insalubres ont entraîné un bond des maladies infectieuses comme l’hépatite A.
«Les conditions de vie inhumaines – quasiment pas d’eau potable, pas de toilettes salubres ni de possibilité de maintenir propres les zones autour – vont permettre à l’hépatite A de se répandre encore plus et soulignent à quel point le contexte est dangereux et explosif pour les maladies» infectieuses, avait déjà averti en janvier le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X (ex-Twitter).
Déplacé du nord de la bande de Gaza, Hassan Moustafa a raconté à l’AFP comment l’aggravation des conditions de vie devenait insupportable pour les habitants du camp de tentes où il s’est réfugié.
«Cette souffrance dure jour après jour, nous manquons d’eau, de nourriture. Nous espérons retrouver au plus vite notre vie d’avant», soupire-t-il.
Mais sans un arrêt des combats, les organisations humanitaires ne seront pas vraiment en mesure d’améliorer les choses, prévient Jamie McGoldrick.
«Avec des centrales électriques qui ne fonctionnent pas, un système d’eau et d’assainissement hors service ou devant être réparé, nous ne pouvons pas améliorer les choses», regrette-t-il.
L’attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël a entraîné la mort de 1 160 personnes, selon un bilan établi à partir des données de la sécurité sociale israélienne. L’opération militaire israélienne lancée en représailles a fait plus de 31 700 morts palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza.
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