Alors que le premier Conseil municipal de Saint-Etienne se tenait depuis les révélations de chantage politique à la sextape ébranlant la mairie, une manifestation demandant la démission du maire a eu lieu.
«Plusieurs centaines» de personnes se sont rassemblées devant la mairie de Saint-Etienne pour demander le «retrait total» du maire Gaël Perdriau, rapporte Le Progrès. L’édile est en effet embourbé dans une affaire sordide de chantage à la sextape contre l’ex-premier adjoint Gilles Artigues, révélée par Mediapart.
🗣 « Perdriau démission ! » Face à l’hôtel de ville de #SaintEtienne, le « pot de départ du maire » prend forme. Les manifestants demandent le retrait total de @PerdriauGael, à la suite de l’affaire du #chantage à la vidéo qui secoue la ville depuis le 26 août. #Loirepic.twitter.com/rE7qVcb9a2
— Le Progrès Loire (@Leprogresloire) September 26, 2022
Les images de la manifestation diffusée par le quotidien régional montrent des manifestant aspergeant la foule avec du champagne pour le «pot de départ du maire». «Perdriau démission !», ont-ils scandé.
Le Conseil municipal s’est tenu dans ce contexte tendu, le maire y a invoqué sa «présomption d’innocence» pour se défendre face à un groupe d’opposition le jugeant illégitime pour présider la séance. «Je n’ai jamais vu la vidéo et ne m’en suis jamais servi contre Gilles Artigues. Et je n’ai jamais détourné un euro d’argent public», a-t-il déclaré pendant la séance, selon Le Progrès. Il a aussi dénoncé une «chasse à l’homme», un «lynchage politique», un «acharnement médiatique».
Pendant deux heures, les élus de gauche (12 sièges sur 59) et un des quatre élus UDI ont donné de la voix pour tenter de convaincre le maire, élu depuis 2014, de démissionner tandis que sa majorité restait silencieuse, préférant «ne pas s’exprimer» sur un dossier en cours d’instruction, rapporte pour sa part l’AFP.
Je n’ai jamais vu la vidéo et ne m’en suis jamais servi contre Gilles Artigues. Et je n’ai jamais détourné un euro d’argent public
«Partez! ….. Vous aviez demandé le retrait de François Fillon [sans attendre le résultat de l’instruction judiciaire]», a notamment tonné le centriste Lional Boucher. «Pourquoi ne pas vous l’appliquer à vous-même ?», a-t-il poursuivi.
Sale affaire pour le maire
L’édile a été placé en garde à vue le 13 septembre, en même temps que son adjoint à l’éducation Samy Kéfi-Jérôme, son directeur de cabinet Pierre Gauttieri et l’homme qui a dénoncé l’affaire après des révélations de Mediapart. L’origine de l’enquête réside dans le tournage et l’usage d’une vidéo à caractère sexuel, enregistrée en 2014, dans laquelle Gilles Artigues, ex-premier adjoint municipal et ex-député connu pour son engagement catholique, se faisait masser érotiquement par un homme dans une chambre d’hôtel à Paris.
J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec
Il est reproché au maire d’avoir instrumentalisé cette vidéo à des fins de chantage politique, ce que Gaël Perdriau nie avec véhémence.
Mediapart a diffusé deux enregistrements de 2017 et 2018 dans lequel on entend un homme qui serait Pierre Gauttieri menacer Gilles Artigues de diffuser le kompromat en présence du maire : «Si le fait que j’aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour, je n’en ai aucun problème», déclare le chef de cabinet très menaçant. Plus loin, il se targue d’avoir le même mode de fonctionnement qu’«un criminel».
«J’ai une vidéo vous montrant le cul à l’air avec un mec. Ça ne vous dérange pas ? Le très catholique député Gilles Artigues très bon père de famille dans un truc comme ça ?», entend-on encore dire la même voix sur l’enregistrement de 2018.
«Une fois que c’est sur les réseaux, c’est plus du chantage. C’est une exécution», entend-on dire la voix du maire dans l’enregistrement de 2017. Celui-ci reste toutefois peu loquace pendant ces rencontres. «Il y a d’autres moyens de faire, on n’est pas obligé de diffuser publiquement», déclare-t-il d’ailleurs sur la bande audio de 2018, en n’évoquant qu’une diffusion «en petits cercles, avec parcimonie».
Le parti Les Républicains a lancé une procédure d’exclusion à l’encontre de Gaël Perdriau qui s’est mis en retrait de la présidence du Conseil métropolitain. L’adjoint Samy Kéfi-Jérôme, soupçonné d’être celui qui a enregistré la vidéo a pour sa part démissionné et Pierre Gauttieri a été licencié par le maire.
Réélu avec le maire en 2020, Gilles Artigues n’était pas présent «sur les conseils de son médecin» au Conseil municipal du 26 septembre.
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