Dominique Strauss-Kahn, dont les activités de conseil exercées depuis le Maroc font l'objet d'une enquête préliminaire à Paris, a assuré se tenir «à la disposition des enquêteurs» pour démontrer le «bien-fondé» de sa résidence fiscale dans ce pays.
«Une enquête préliminaire a été diligentée en France visant à remettre en cause mon statut de résident fiscal au Maroc», a réagi Dominique Strauss-Kahn dans un message envoyé le 14 décembre à l’AFP.
«Je me suis tenu à la disposition des enquêteurs et je continuerai à le faire dans le cadre de cette procédure classique», a ajouté l’ex-patron du Fonds monétaire international (FMI), indiquant leur avoir «apporté tous les éléments susceptibles de répondre à leurs questions pour démontrer le bien-fondé» de sa résidence au Maroc. «Depuis 2013, j’y réside, j’y exerce une activité économique à travers une société régulièrement déclarée et j’y dispose d’un numéro d’identification fiscale», a-t-il précisé.
DSK a été entendu en juin dans le cadre de cette enquête préliminaire, ouverte en mars par le Parquet national financier (PNF) pour blanchiment de fraude fiscale aggravée, suite aux révélations en octobre 2021 des «Pandora Papers», une enquête à laquelle avaient collaboré environ 600 journalistes réunis au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Un manque à gagner de plusieurs millions pour le fisc ?
Parmi les quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers étudiés, l’émission Cash Investigation s’était penchée sur des éléments comptables de la société Parnasse International, créée par l’ex-ministre socialiste français en mai 2013.
Cette société est établie dans une zone franche du Maroc, la Casablanca Finance City (CFC), ce qui lui a permis une exonération totale d’impôt sur les sociétés pendant cinq ans puis un plafonnement à 8,75% par la suite, selon Cash Investigation. Un niveau d’imposition aux antipodes des «30% dans le reste du Maroc et 33,13% en France au même moment», soulignait Ano Kuhanathan, économiste sollicité par les journalistes de l’émission. «Sur cinq années fiscales complètes, on arrive à environ 6,163 millions d’euros d’impôts sur les sociétés, que son entreprise aurait dû payer si elle avait été domiciliée en France», estimait ce spécialiste de la fiscalité.
Ces deux sociétés ont été créées pour recevoir les honoraires de DSK pour les conférences qu’il donne dans le monde entier et pour ses conseils aux entreprises et aux dirigeants.
«Pandora Papers» : Strauss-Kahn visé par une enquête pour blanchiment de fraude fiscale aggravée