Lors d'une réunion de l'OTAN tenue au Cercle national des armées le 1er juillet à Paris, l'ordinateur d'un officier allemand contenant des informations confidentielles a été dérobé. L'incident a suscité l'inquiétude et des tensions entre alliés.
Les forces de l’ordre ont tout fait pour retrouver et interpeller les auteurs du vol d’un ordinateur d’un officier de l’état-major allemand en plein séminaire de l’OTAN le 1er juillet dans la capitale française, relate ce 19 juillet Le Parisien, confirmant les révélations du Canard enchaîné du 13 juillet. L’hebdomadaire satirique avait raconté comment le larcin avait semé la panique parmi les membres de l’Alliance, qui ont immédiatement craint un acte d’espionnage sur fond de fortes tensions internationales. L’incident est d’autant plus fâcheux qu’il s’est produit au Cercle national des armées à Paris : situé place Saint-Augustin, le bâtiment est censé être surveillé de près, surtout lorsqu’il accueille des réunions de ce type.
Un vol commis en dix minutes
En l’espèce, le séminaire était consacré à la défense antimissile dans le domaine maritime, selon Le Canard enchaîné, sujet éminemment sensible compte tenu du contexte du conflit en Ukraine et des livraisons d’armes occidentales à Kiev. Le vol semble avoir été commis avec une surprenante facilité, puisque son auteur, affublé d’une barbe et portant une casquette, s’est collé à une femme en se faisant passer pour son accompagnateur aux yeux des policiers en faction, avant de se rendre au deuxième étage pour rejoindre la salle de conférences. Une fois entré, il aurait salué les militaires présents, posé tranquillement son sac et créé une diversion en sortant des documents, tout en subtilisant un ordinateur orné d’un autocollant de l’armée allemande appartenant à une femme officier. L’auteur du larcin a ensuite quitté les lieux calmement, l’ensemble de l’opération ayant pris environ dix minutes.
Une fois l’alerte donnée, la Direction générale de la sécurité intérieure et la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense ont été mobilisées : l’ordinateur contenait en effet des logiciels confidentiels, ainsi que le compte-rendu détaillé de la réunion, ce qui semblait étayer la piste de l’espionnage et justifiait une forme de panique. Fort mécontents, les Américains auraient, selon l’hebdomadaire satirique, réprimandé les Français quant à la légèreté de la sécurité des lieux, et l’incident aurait suscité l’embarras de l’Elysée, au lendemain du sommet de l’OTAN tenu fin juin à Madrid.
Cependant, Le Parisien indique que l’auteur du vol ne semble pas avoir agi dans le cadre d’une opération d’espionnage : au lieu de disparaître dans la nature en ressortant du Cercle national des armées, il s’est rendu directement dans une brasserie, où il a commis un second vol. Les gendarmes de la section de recherches de Paris l’ont ensuite identifié : il s’agirait d’un escroc franco-israélien, déjà connu de la justice pour de nombreux vols et habitué à travailler avec un receleur soupçonné d’envoyer régulièrement des objets électroniques volés au Maghreb. Les deux hommes ont été interpellés par les forces de l’ordre et placés en garde en vue, et ont indiqué ne pas travailler pour une puissance étrangère. Laissés libres, ils seront, selon une source judiciaire contactée par le quotidien, jugés devant le tribunal correctionnel de Paris en mars 2023.
«L’ordinateur de l’OTAN reste toutefois introuvable», précise Le Parisien. S’il a pu être bloqué à distance, selon Le Canard enchaîné, le journal a ironisé sur les leçons à tirer de cet épisode, qui devrait conduire l’Alliance à renforcer son «flanc parisien» en sus du déploiement de troupes dans l’Est de l’Europe.
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