La justice française a refusé de lancer un mandat d'arrêt contre un individu présenté par les avocats d'un militant islamiste comme «l'instigateur voire le commanditaire» du crime commis par Abdoullakh Anzorov contre Samuel Paty.
Les juges d’instruction antiterroristes chargés de l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty ont refusé de lancer un mandat d’arrêt contre Faruq Shami, un contact tadjik en Syrie de l’assassin du professeur, selon une source proche du dossier citée par l’AFP ce 23 octobre.
Les avocats du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour complicité dans ce dossier, avaient demandé, après que les magistrats ont décidé de clôturer les investigations dans ce dossier, qu’un mandat d’arrêt international soit lancé contre cet homme, le présentant comme «l’instigateur voire le commanditaire» du crime commis par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d’origine tchétchène. Cette requête a été rejetée le 21 octobre par les juges.
La défense de Abdelhakim Sefrioui, qui est soupçonné d’avoir «ciblé» Samuel Paty via une vidéo et ainsi d’avoir «facilité la définition d’un projet criminel» par Abdoullakh Anzorov, avançait que Faruq Shami serait selon eux «le premier» à qui le tueur avait adressé sa revendication de l’assassinat de Samuel Paty.
Une enquête distincte devrait être ouverte pour provocation à un acte de terrorisme
Selon la source proche du dossier, l’assaillant avait déjà publié son message de revendication sur Twitter ainsi que sur deux groupes Snapchat, avant de l’envoyer à l’utilisateur du compte «Le journal du Muhajir». Par ailleurs, il n’est pas établi avec certitude que Faruq Shami en soit l’utilisateur.
Les avocats d’Abdelhakim Sefrioui avaient également relevé que plusieurs semaines avant l’assassinat du professeur Paty, Faruq Shami avait appelé dans une vidéo à cibler la France dans un «délai d’un mois», à la suite de la publication des caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo. Cette vidéo a été diffusée avant le cours donné par Samuel Paty et ne faisait de fait aucune référence à ce dernier, a souligné la source proche du dossier.
Une enquête distincte devrait néanmoins être ouverte prochainement pour «provocation à un acte de terrorisme», afin notamment d’identifier l’auteur de cette vidéo, a indiqué cette source.
«Je trouve dommage qu’on écarte le rôle et l’influence de Faruq Shami de la chaîne causale qui a conduit à l’assassinat de Samuel Paty», a réagi auprès de l’AFP l’avocate Elise Arfi, qui défend Abdelhakim Sefrioui avec maîtres Ouadie Elhamamouchi et Sefen Guez Guez. «Il a manifestement une influence prépondérante sur le parcours idéologique d’Abdoullakh Anzorov. Evidemment nous ne disons pas que son rôle aurait consisté à désigner Samuel Paty comme cible de la fatwa», a-t-elle ajouté.
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