La Chine a accusé les Etats-Unis d'attiser les tensions entre les deux puissances et mis en garde contre le risque de «confrontation» si Washington ne faisait rien contre le «néo-maccarthysme hystérique» dirigé contre Pékin.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a averti le 7 mars Washington quant à son approche de la relation sino-américaine. «Si les Etats-Unis continuent de s’engager sur la mauvaise voie et ne freinent pas, aucun garde-fou ne pourra empêcher le déraillement [des relations]», a lancé le ministre, qui s’exprimait en marge de la session annuelle du Parlement.
Si cela se produit, «il y aura inévitablement un conflit et une confrontation», a ajouté Qin Gang, s’interrogeant : «Qui en supportera les conséquences catastrophiques ?»
La veille, le président Xi Jinping avait déploré «l’endiguement» et la «répression» des Occidentaux visant la Chine, citant nommément les Etats-Unis et appelant le secteur privé à davantage innover pour rendre son pays moins dépendant de l’étranger.
Les ambitions de Pékin dans les technologies de pointe sont la cible de restrictions croissantes, de la part de Washington et ses alliés, ce qui pousse les entreprises chinoises à redoubler d’efforts pour se passer d’importations cruciales.
«Défis sans précédent»
La Chine et les Etats-Unis se livrent notamment une féroce bataille pour la fabrication des semi-conducteurs, ces composants électroniques indispensables au fonctionnement des smartphones, des voitures connectées mais aussi d’équipements militaires.
Au nom de la sécurité nationale, Washington a multiplié ces derniers mois les sanctions à l’encontre des fabricants de puces chinois, désormais entravés pour s’approvisionner en technologies américaines. «Les facteurs incertains et imprévisibles ont considérablement augmenté» pour la Chine, a déclaré Xi Jinping selon un compte-rendu de l’agence de presse Chine nouvelle publié le 6 mars.
«Des pays occidentaux, menés par les Etats-Unis, ont mis en œuvre une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine, ce qui a entraîné des défis sans précédent pour le développement de notre pays», a-t-il ajouté dans une inhabituelle critique directe de Washington.
Le dirigeant de 69 ans, qui va obtenir un inédit troisième mandat présidentiel dans quelques jours, s’exprimait devant des membres d’un comité consultatif lors de la session annuelle du Parlement chinois.
«Face aux changements profonds et complexes à l’international comme en Chine, il convient de rester calmes, concentrés […] d’agir de façon proactive, de faire preuve d’unité et d’oser batailler» pour réussir, a déclaré Xi Jinping.
«Néo-maccarthysme hystérique»
Interrogé le 7 mars, le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a lui aussi déploré l’état actuel des relations sino-américaines. «Je pense juste que ce qui détermine les relations sino-américaines, ce devrait être les intérêts communs, les responsabilités communes et l’amitié entre les deux peuples [et non pas] la politique intérieure américaine et cette espèce de néo-maccarthysme hystérique», a souligné Qin Gang, en référence aux critiques répétées de la classe politique américaine contre son pays.
Jusqu’à peu ambassadeur aux Etats-Unis, Qin Gang a également déploré les récentes accusations de certains pays occidentaux affirmant, sans preuve, que la Chine a l’intention de fournir des armes à la Russie pour sa guerre contre l’Ukraine.
Le ministre a déclaré que Pékin n’accepterait ni «les sanctions» ni «les menaces» de Washington et ses alliés.
Fin février, la Chine avait publié un document en 12 points exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix. Le texte appelle également à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays − sous-entendu également celle de l’Ukraine, dont une partie du territoire est sous contrôle russe.
Prudemment salué par Kiev et chaleureusement accueilli par Moscou, ce document chinois avait suscité davantage de scepticisme du côté occidental qui reproche à Pékin de n’avoir jamais condamné publiquement Moscou.
Qin Gang a déclaré que la Chine n’était «ni à l’origine de la crise, ni partie prenante, et qu’elle n’a fourni d’armes à aucune des parties», appelant à entamer des pourparlers de paix «dès que possible». La relation Pékin-Moscou ne constitue «une menace pour aucun pays du monde», a-t-il souligné.
Les contentieux entre Pékin et Washington se sont multipliés ces dernières années : statut de Taïwan, tensions en mer de Chine méridionale, déséquilibre de la balance commerciale ou encore traitement des musulmans ouïghours.
Le mois dernier, la destruction par les Etats-Unis d’un ballon chinois a encore tendu les relations, l’administration Biden accusant l’engin d’espionner son territoire, ce que la Chine dément fermement.
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