Moscou a annoncé que le CPC, canal majeur pour l'approvisionnement mondial en pétrole avait été endommagé par une tempête en Mer Noire. Il est détenu majoritairement par des sociétés russes, kazakhes et américaines.
Pavel Sorokine, vice-ministre de l’Energie de Russie cité par l’agence TASS a annoncé le 22 mars que les exportations de pétrole russe et kazakh via l’oléoduc transcaspien, pourraient chuter d’un volume allant jusqu’à un million de barils par jour, soit 1% de la production mondiale de pétrole, en raison de la mise hors service d’une partie de l’oléoduc.
La veille, une visite d’inspection après une forte tempête en Mer Noire avait révélé que des installations critiques du Caspian Pipeline Consortium (CPC), avaient été fortement endommagées près du terminal de chargement de Novorossiisk sur la rive russe de la Mer Noire.
L’annonce de la rupture partielle des flux de pétrole en Mer Noire a précédé le voyage du président américain Joe Biden venu discuter avec les dirigeants européens d’éventuelles sanctions contre le secteur pétrolier russe. Cette annonce a également provoqué une brusque remontée des cours de l’or noir, le baril de Brent reprenant près de 5% au delà de 120 dollars.
Le CPC, qui s’étend sur 1 500 kilomètres depuis l’immense champ pétrolifère de Tengiz dans l’ouest du Kazakhstan jusqu’au port de Novorossiisk, comprend du pétrole produit par les géants pétroliers étasuniens Chevron et ExxonMobil. Du brut russe alimente également le CPC à partir des champs pétrolifères le long de la route.
La capacité totale du pipeline est d’environ 1,4 million de b/j de pétrole, soit près de 2,5 % du commerce mondial du pétrole transporté par voie maritime – et représente environ les deux tiers des exportations de pétrole du Kazakhstan, ce qui en fait une artère vitale pour l’économie du pays.
Des réparations entravées par les sanctions
CPC a déclaré dans un communiqué que «les conditions actuelles du marché» – référence implicite aux récentes sanctions occidentales – rendraient plus difficile la réparation de parties des installations de chargement portuaires endommagées lors d’une récente tempête, ce qui signifie que les expéditions pourraient être réduites des deux tiers.
«La Russie peut rendre très difficile la réalisation de réparations compte tenu des difficultés auxquelles elle est actuellement confrontée pour vendre son propre pétrole», estime Amrita Sen, analyste en chef du cabinet de conseil spécialisé Energy Aspects, citée par le Financial times.
Le groupe pétrolier public russe Transneft est le principal actionnaire de CPC avec une participation de 24%, suivi par le groupe public kazakh KazMunayGas avec 19%. Les sociétés américaines Chevron et Exxon suivent avec respectivement 15% et 7%. Une joint venture entre le producteur de pétrole russe Rosneft et Shell détient une autre participation de 7,5%.
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