Economie

Pfizer et Moderna, profiteurs de la crise sanitaire en Allemagne ?

Selon la presse d'outre-Rhin, les deux entreprises pharmaceutiques ont imposé des prix de vente très élevés de leur vaccin contre le coronavirus durant la pandémie, en appliquant en particulier une hausse de 50% début 2021.

La crise sanitaire a été l’occasion pour les deux laboratoires Pfizer et Moderna de réaliser de juteux profits en imposant des prix de vente élevés pour leur vaccin contre le Covid-19, selon les révélations de plusieurs médias allemands, relayées le 27 janvier par Euractiv.

Un prix rehaussé de 50% sans aucune justification ?     

Les radiodiffuseurs publics Norddeutscher Rundfunk et Westdeutscher Rundfunk, aux côtés du quotidien Süddeutsche Zeitung, indiquent que le gouvernement fédéral allemand avait commandé 39 millions de doses de vaccin à BioNtech/Pfizer pour un prix à l’unité de 15,50 euros en décembre 2020, avant que celui-ci n’augmente pour atteindre 23,20 euros neuf mois plus tard, soit une hausse de près de 50%.

Parallèlement, le prix du vaccin développé par Moderna a augmenté dans les mêmes proportions, passant de 19,50 euros la dose en décembre 2020, à 29,70 euros trois mois plus tard. Les deux entreprises avaient connu un bond spectaculaire de leur chiffre d’affaires grâce à la vente de vaccins contre le Covid-19.

Une infirmière prépare une dose d'un vaccin anti-Covid Pfizer/BioNTech dans un centre social à Septeme-Les-Vallons, près de Marseille, le 12 janvier 2022 (image d'illustration).

Achats de vaccins anti-Covid : le parquet européen annonce l’ouverture d’une enquête

Le président du comité des médicaments de l’Association médicale allemande, Wolf-Dieter Ludwig, a estimé qu’elles avaient manifestement profité d’une situation où les pays avaient urgemment besoin de vaccins pour imposer un prix plus élevé. «Pour moi, c’est suspect car, si l’on considère les recettes des ventes, on aurait pu s’en tenir au prix initial», a-t-il ainsi déclaré. De la même manière, le député de la CSU Stephan Pilsinger a estimé que ces hausses en pleine pandémie étaient «totalement injustifiées», et que «le gouvernement fédéral n’aurait pas dû s’impliquer dans de tels accords».

Un porte-parole du groupe Pfizer a réagi à ces révélations en invitant le média NDR à «ne pas se fier à des informations qui ne peuvent être vérifiées», tandis que le laboratoire Moderna n’a pas souhaité commenter les chiffres. Toutefois, le montant dépensé par l’Allemagne en vaccins, qui avoisine les 13 milliards d’euros selon les trois médias, a été confirmé par le ministère allemand de la Santé.

Ce dernier aurait commandé au total l’équivalent de huit doses par habitant, une partie de ce stock étant vouée, comme ailleurs, à la destruction. Le président de la commission budgétaire du Bundestag, Helge Braun, a quant à lui admis ne connaître «ni les prix des doses individuelles des différents vaccins ni les autres clauses contractuelles».

Les laboratoires et l’UE se voient reprocher un manque de transparence 

Ces nouveaux éléments viennent s’ajouter aux nombreuses critiques visant le manque de transparence des contrats passés au niveau européen entre les laboratoires pharmaceutiques et les pouvoirs publics, les premiers se montrant particulièrement réticents à s’exprimer, notamment devant les élus.

Le patron de Pfizer Albert Bourla a ainsi refusé à plusieurs reprises de rencontrer les parlementaires européens membres de la commission spéciale Covid (COVI), au point que ceux-ci ont proposé début janvier de priver les représentants du laboratoire d’accès au Parlement, en raison de cette absence de coopération.

Les élus réclament en particulier la transparence sur l’achat groupé par l’Union européenne de vaccins venant de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, dont Pfizer/BioNTech, les contrats qui leur ont été présentés ayant été caviardés et donc illisibles. Parallèlement, le parquet européen a ouvert depuis la mi-octobre une enquête sur l’achat de vaccins anti-Covid dans l’UE.

Ni Albert Bourla ni la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’ont jamais accepté de partager leurs échanges dans le cadre de l’affaire des SMS qu’ils se sont envoyés pendant la négociation d’un contrat sur l’achat massif de vaccins au laboratoire américain.

Le groupe Pfizer va-t-il devenir persona non grata au Parlement européen ?

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