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Portugal : à la veille des législatives, les socialistes mis à mal dans les sondages

Alors que les socialistes sont au pouvoir au Portugal depuis 2015, les élections législatives risquent de voir la montée en puissance de la droite au Parlement. Le Premier ministre sortant Antonio Costa a démissionné en novembre dernier et a refusé de briguer un nouveau mandat, après avoir été cité dans une enquête pour trafic d'influence.

Un agriculteur met un drapeau portugais sur son tracteur lors d'une manifestation à Golega, à 130 km de Lisbonne, le 30 janvier 2023 (photo d'illustration).

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Au pouvoir depuis fin 2015, les socialistes portugais risquent d’être détrônés par l’opposition de centre droit, elle-même menacée par la montée des populistes à l’issue de la campagne qui se termine dans la soirée du 8 mars, à deux jours du scrutin législatif.

«Cette élection est très importante, car elle peut marquer un tournant vers une certaine convergence du Portugal avec le panorama des partis en Europe», observe la politologue Marina Costa Lobo, directrice de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lisbonne (ICS).

Mais, tempère cette analyste, le résultat du scrutin du 10 mars, qui sera précédé la veille par une journée de réflexion, reste «particulièrement ouvert» en raison du nombre important d’électeurs toujours indécis.

Après la publication des dernières enquêtes, l’agrégateur de sondages de la Radio Renascença créditait l’Alliance démocratique de centre droit de 32,6% des intentions de vote, contre 27,9% pour le Parti socialiste.

Une poussée tous azimuts de la droite

En embuscade, le jeune parti de la droite radicale Chega pourrait réaliser une nouvelle percée et confirmer son statut de troisième force politique du pays, en recueillant 16,8% des suffrages, après un score de 7,2% aux précédentes législatives. Avec l’Initiative libérale, petite formation créée récemment elle aussi et qui pourrait obtenir 5,4% des voix, l’ensemble de la droite serait en mesure de devenir nettement majoritaire dans le prochain Parlement portugais.

Le Premier ministre sortant, le socialiste Antonio Costa, 62 ans, qui avait remporté une majorité absolue en janvier 2022 avec 41,4% des voix, a provoqué ces élections en démissionnant fin novembre. Il a refusé de briguer un nouveau mandat, après avoir été cité dans une enquête pour trafic d’influence.

Pour un électeur de gauche comme Rui Santos, programmateur de 42 ans, le Portugal traverse «une phase politique très compliquée», car «la corruption est très élevée» et, «à cause des problèmes qu’a connus le PS récemment, beaucoup de gens ne savent pas pour qui voter».

«Je pense qu’à ce stade, nous ressentons tous un besoin d’alternance», témoigne, pour sa part, Susana Teixeira, électrice de centre droit et consultante en communication de 51 ans, après avoir voté par anticipation le 3 mars à Lisbonne.

Les enquêtes confirment une «insatisfaction» croissante envers le gouvernement sortant, en dépit de ses bons résultats en matière de finances publiques, de croissance ou d’emploi, relève Marina Costa Lobo. «Ce contexte macroéconomique positif ne se reflète pas dans la qualité de vie des Portugais à cause de l’inflation, des bas salaires ou des problèmes de fonctionnement de l’État», notamment dans les domaines de la santé et de l’enseignement, explique cette analyste.

«On ne peut pas laisser le PS gouverner s’il y a une majorité de droite», estime Ventura

Pris de court par la démission d’Antonio Costa, le Parti socialiste s’est rassemblé autour de Pedro Nuno Santos, un ancien ministre de 46 ans issu de son aile gauche.

Le chef de l’opposition de centre droit, Luis Montenegro, un parlementaire chevronné de 51 ans, dirige son parti depuis presque deux ans, mais ne fait pas l’unanimité dans son propre camp.

Il a notamment fait le pari de refuser d’emblée de former un gouvernement avec le soutien de la droite radicale, au risque de provoquer une impasse s’il n’est pas en mesure de mettre sur pied une coalition majoritaire sans elle.

«On ne peut pas laisser le PS gouverner s’il y a une majorité de droite», a fait valoir le dirigeant populiste de Chega, André Ventura, professeur de droit et ancien commentateur de football de 41 ans, qui se dit prêt à participer à une coalition gouvernementale.
Le parti «ultra-personnalisé» qu’il a fondé en 2019 «agrège une série de mécontentements présents dans la société portugaise depuis longtemps», note Marina Costa Lobo.

Cette formation antisystème, précise la politologue, est portée par son discours contre la corruption et les minorités, ainsi que par «une certaine nostalgie» du régime dictatorial de Salazar renversé par la «Révolution des Œillets», dont le Portugal célébrera le mois prochain le 50e anniversaire.

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