La politique zéro Covid prônée en Chine pour tenter de combattre la pandémie – qui suscite suscite une exaspération croissante des populations – «n'est pas soutenable» a affirmé le patron de l'OMS. Des propos censurés sur les réseaux sociaux chinois.
«Quand nous parlons de stratégie zéro Covid, nous ne pensons pas que c’est soutenable, considérant le comportement du virus à l’heure actuelle et celui que nous prévoyons dans le futur […] passer à une stratégie différente est très important», a déclaré le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point de presse de l’Organisation mondiale de la santé à Genève le 10 mai.
«Comme l’a dit le docteur Tedros, il faut avoir cette capacité de s’adapter aux circonstances, à ce que l’on voit dans les données […] et il en a parlé en détail avec les collègues chinois», a renchéri son directeur des situations d’urgence, Michael Ryan. Il a rappelé que pendant un temps cette stratégie a permis à la Chine d’afficher un très petit nombre de morts par rapport à sa population.
Face à la hausse du nombre de morts depuis février-mars, il est logique que le gouvernement réagisse, a noté Michael Ryan, «mais toutes ces actions, comme nous le répétons depuis le début, doivent être prises dans le respect des individus et des droits de l’homme».
Michael Ryan a appelé à appliquer des «politiques dynamiques, adaptables et souples», parce que le manque d’adaptabilité a montré durant cette pandémie qu’il pouvait provoquer «beaucoup de dégâts».
Maria Van Kerkhove, en charge de superviser la lutte contre le Covid au sein de l’OMS, a insisté sur le fait qu’il était aujourd’hui impossible de stopper toute transmission du virus.
«Notre objectif au niveau mondial n’est pas de repérer tous les cas et d’arrêter toute transmission. Ce n’est vraiment pas possible à l’heure actuelle», a-t-elle reconnu, et d’insister : «Mais ce que nous devons faire, c’est réduire le taux de transmission parce que le virus circule à un niveau élevé d’intensité.»
L’OMS quasiment invisibilisée en Chine le 11 mai
A la fin de la semaine dernière, la Chine avait une nouvelle fois déclaré qu’elle poursuivrait sa stratégie zéro Covid, «atout majeur» contre le coronavirus, malgré la frustration croissante à Shanghai où des habitants confinés protestent désormais en frappant leurs casseroles aux fenêtres.
Selon les autorités chinoises – y compris le président Xi Jinping qui a mis tout son poids dans la balance pour que se poursuive cette stratégie – la politique zéro Covid a permis aux Chinois de vivre quasi-normalement depuis 2020 et de limiter le nombre de morts à moins de 5 000 selon le bilan officiel.
Le 11 mai, la Chine a, d’après l’AFP, censuré les propos de l’OMS. Sur le site de microblog Weibo, les mots-dièse #Tedros et #OMS ne donnent plus aucun résultat.
Quant aux utilisateurs du très populaire réseau social WeChat, ils ne peuvent pas republier ou transférer un article du compte officiel de l’ONU, publié sur la plateforme et qui mentionne les critiques du patron de l’OMS. Discuter en ligne du sujet avec un de ses contacts ou envoyer sur son mur WeChat des captures d’écran d’articles ou de tweets mentionnant ces propos reste toutefois possible.
De son côté, la presse chinoise reste muette. L’ex-rédacteur en chef du tabloïd nationaliste Global Times, Hu Xijin, très influent sur internet, juge toutefois les critiques de l’OMS «sans importance».
Si les restrictions liées au Covid-19 sont levées un peu partout dans le monde, le grande puissance asiatique continue d’imposer confinements et quarantaines dès l’apparition de quelques cas. Couplée à la quasi-fermeture des frontières et à une connectivité aérienne internationale réduite, cette politique suscite une exaspération croissante en Chine.
Notamment à Shanghai (Est), dont les 25 millions d’habitants, confinés depuis début avril, se plaignent de problèmes d’approvisionnement et craignent d’être envoyés dans des centres de quarantaine au confort aléatoire.
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