Le ministre russe des Affaires étrangères a esquissé un virage pour la diplomatie russe. Le maintien d'une action diplomatique identique n'aurait «aucun sens», en raison de l'hostilité occidentale. Celui-ci perçoit des opportunités ailleurs.
Sergueï Lavrov n’a pas mâché ses mots sur les relations à venir de la Russie avec le bloc occidental. Celle-ci déplacera son «centre de gravité» vers des pays «prêts à coopérer avec [elle] sur une base égale et mutuellement bénéfique», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères le 18 octobre, lors d’une réunion avec des diplômés universitaires acceptés au sein du service diplomatique. Les conditions actuelles ne sont, pour lui, pas propices à un engagement plus en avant avec l’Occident.
«Cela n’a aucun sens et [nous n’avons aucun] désir de maintenir la même présence dans les pays occidentaux. Nos gens travaillent dans des environnements qu’on pourrait difficilement qualifier d’”humains”. On leur crée constamment des problèmes, des menaces d’attaques physiques», a-t-il dénoncé.
Un pivot vers le reste du monde?
«L’amour ne se commande pas», a-t-il insisté en référence à l’hostilité de ces pays à l’égard de la Russie. Lavrov a néanmoins indiqué l’existence de débouchés ailleurs : «Les pays de ce que l’on appelle le tiers monde [en Asie, en Afrique, en Amérique latine], au contraire, ont besoin d’une attention supplémentaire». Il a mentionné des «projets du plus haut niveau» en gestation, notamment dans les domaines économiques, culturels, humanitaires et éducatifs
Cela n’a aucun sens et [nous n’avons aucun] désir de maintenir la même présence dans les pays occidentaux
Sergueï Lavrov a introduit cette évolution diplomatique en revenant sur l’action de Kiev dans le Donbass depuis huit ans. Notamment, les bombardements et les persécutions des russophones depuis le coup d’Etat de 2014, «activement préparé» par les Etats-Unis et «accepté avec résignation» par l’Europe.
«Aucun de nos collègues occidentaux n’a pris la peine de dire un seul mot pour défendre ceux qui étaient opprimés par les auteurs et les exécutants du coup d’Etat anticonstitutionnel en Ukraine», a-t-il déclaré, rappelant longuement la place des néonazis dans ce coup d’Etat. «Cela ne signifie qu’une chose : l’Occident s’est rangé du côté de ceux qui veulent faire revivre le nazisme», a-t-il ponctué.
Les relations entre la Russie et l’Occident, déjà mauvaises avant le lancement de l’opération spéciale en Ukraine, sont désormais au plus mal et marquées entre autres par une politique de sanctions économiques ayant pour objectif assumé de provoquer l’effondrement de l’économie russe et l’isolement du pays. Objectif qui n’a pas été atteint selon le président russe, qui s’est félicité en septembre de l’inefficacité de la démarche. «Les prévisions économiques sont bien plus positives qu’au début du printemps». Pour le président russe,« des changements irréversibles et tectoniques se sont produits dans tout le système des relations internationales» à l’occasion de cette crise.
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