La position de Kiev n’a jamais été «assez forte» depuis le début du conflit pour négocier avec la Russie, a estimé l'ancienne sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland, connue pour ses positions hostiles à Moscou et son influence en Ukraine. Elle n'envisage toujours pas d'ouverture de négociations et envisage encore une victoire de Kiev.
Victoria Nuland persiste. Selon l’ancienne secrétaires aux affaires européennes, Washington n’a pas commis d’erreur en ne poussant pas davantage l’Ukraine à négocier la fin du conflit en 2022. «Les Ukrainiens n’étaient pas dans une position forte alors, ils ne sont pas dans une position forte aujourd’hui», a-t-elle déclaré le 11 mai dans un entretien publié dans Politico.
Âgée de 62 ans, épouse du politologue néoconservateur Robert Kagan, Victoria Nuland est considérée comme l’un des principaux architectes de la politique anti-russe de Washington, notamment en Ukraine. Son départ à la retraite avait été annoncé en mars dernier. Un départ qui, aux yeux de la porte-parole de la diplomatie russe, s’expliquerait par l’«échec» de la politique anti-russe qu’elle a insufflée aux administrations Obama et Biden.
«Le seul accord que Poutine aurait conclu à l’époque, le seul accord qu’il conclurait aujourd’hui, est un accord dans lequel il dirait : “Ce qui est à moi est à moi et ce qui est à vous est négociable”, et ce n’est pas tenable», a fait valoir l’ancienne secrétaire d’Etat américaine pour justifier l’absence de volonté diplomatique occidentale.
Pour Nuland, la politique de Kiev a été un succès
«Poutine a déjà échoué à atteindre son objectif», pense-t-elle. «Il voulait aplatir l’Ukraine. Il voulait s’assurer que [les Ukrainiens] n’avaient ni souveraineté, ni indépendance, ni avenir démocratique – parce qu’une Ukraine démocratique, une Ukraine européenne, constitue une menace pour son modèle pour la Russie, entre autres, et parce qu’elle est la première pierre angulaire de son projet plus vaste d’ambitions territoriales », a accusé Nuland.
L’ancienne haute fonctionnaire est toujours persuadée que Kiev peut encore «réussir» dans le conflit, même si elle a éludé la question de savoir si l’Ukraine pouvait reprendre ses anciens territoires, y compris la péninsule de Crimée, qui a voté son rattachement à la Fédération de Russie à la suite du coup d’État de Maïdan en 2014.
«Cela peut certainement arriver à un point où [l’Ukraine] sera suffisamment forte, je crois, et où Poutine sera suffisamment empêché d’aller à la table des négociations en position de force. Il appartiendra au peuple ukrainien de déterminer ses ambitions territoriales», a-t-elle déclaré, ajoutant que «quelle que soit la décision concernant la Crimée, elle ne peut pas être remilitarisée».
Moscou pas fermé aux négociations
Ces propos interviennent alors que l’inquiétude grandit en Occident. Les troupes ukrainiennes subissent la pression des forces russes sur la quasi-totalité du front.
Le Kremlin a fait valoir à maintes reprises qu’il n’avait jamais refusé les négociations. Mais la «formule Zelensky», présentée par Kiev à l’été 2023, comporte notamment la réaffirmation des frontières de l’Ukraine datant de 1991, le retrait total des troupes russes, l’instauration d’un tribunal pénal international pour juger des «crimes de guerre russes», incluant des réparations, et la déclaration de la fin de la guerre. A cela s’ajoute le décret de Zelensky interdisant toute négociation avec la Russie tant que Vladimir Poutine sera au pouvoir.
Des exigences inconcevables, selon Moscou, qui seraient synonyme de capitulation totale. Il est nécessaire de tenir compte des «nouvelles réalités» et des exigences sécuritaires de la Russie, estime ainsi le Kremlin.
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