France

«Prêt russe» : Marine Le Pen accusée de faux témoignages

Deux députés entendent signaler Marine Le Pen à l’appareil judiciaire pour «faux témoignages» dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences étrangères.

La commission d’enquête parlementaire devait «laver» le Rassemblement national de tout soupçon, selon les termes de son instigateur le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy. Mais voici qu’elle pourrait finalement le placer face à une procédure judiciaire. Le député des Français de l’étranger Stéphane Vojetta (Renaissance) et l’élu Europe Ecologie-Les Verts de Paris Julien Bayou entendent en effet saisir l’appareil judiciaire pour «faux témoignages » concernant l’obtention d’un prêt auprès d’une banque tchéco-russe. 

Un possible signalement

Les deux députés contestent la véracité du témoignage de Marine Le Pen, présidente du Front national au moment de l’obtention d’un prêt par la banque tchéco-russe First Czech Russian Bank en 2017, à l’occasion de l’élection présidentielle. Ils souhaitent saisir le bureau de l’Assemblée nationale en vue d’un signalement à l’appareil judiciaire. Julien Bayou et Stéphane Vojetta reprochent à Marine Le Pen d’avoir contesté le processus de reprise d’un prêt contracté en 2014 auprès d’une banque russe à l’occasion de son audition du 24 mai dernier.

La créance avait été par la suite rachetée isolément en 2016, avant la faillite de la banque. Une société russe l’a rééchelonnée dans des conditions considérées comme avantageuses pour le parti.

Extension judiciaire d’un conflit politique ?

Julien Bayou estime à propos de l’ancienne présidente du FN (devenu RN) : «Soit elle est incompétente, car elle n’est pas au courant, soit il y a une volonté de dissimulation, car ce prêt arrive dans des mains proches du Kremlin.»

Stéphane Vojetta et Julien Bayou estiment que l’ancienne candidate à la présidentielle a commis un parjure nécessitant un signalement au procureur de la République. Pour exercer une pareille démarche, en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, il faut l’initiative du président de la commission d’enquête, ici le député Jean-Philippe Tanguy (RN), ou du bureau de l’Assemblée. De son côté, Marine Le Pen s’est déclarée «très sereine», selon le journal Le Monde. Et d’ajouter : «M. Bayou est un adepte des plaintes fantaisistes.»

La commission d’enquête sur les ingérences étrangères censée «laver le RN» de tout soupçon pourrait finalement lui causer quelques ennuis judiciaires. L’alliance de deux députés – l’un de la majorité macroniste (Stéphane Vojetta), l’autre de la Nupes (Julien Bayou) – contre le RN pourrait en revanche renforcer l’image de ce parti comme «seule opposition à Macron», comme l’évoquaient ses affiches lors des législatives de 2022.

Marine Le Pen visite la place Rouge de Moscou avant une rencontre avec Sergueï Narychkine le 26 mai 2015.

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