Avec le renchérissement des denrées alimentaires de base, indirectement causé par le conflit en Ukraine, le Fonds monétaire international redoute des «troubles sociaux» dans les pays les plus vulnérables du continent africain.
Dans un rapport sur l’Afrique publié ce 28 avril, le Fonds monétaire international (FMI) explique qu’en raison notamment de la flambée des prix du carburant «les craintes à l’égard de la sécurité alimentaire se sont nettement accentuées», et que la hausse brutale des prix des denrées alimentaires, accroît «les risques de troubles sociaux» dans les pays vulnérables.
Le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, cité par l’AFP, a ainsi exprimé l’inquiétude de l’organisation face à la «récente flambée des prix des aliments et du carburant», dans le continent, avec risques de «protestations sociales».
«Ce choc frappe de manière extrêmement ciblée les plus pauvres, en faisant augmenter les prix alimentaires, ceux des carburants et du transport en général, et au bout de la chaîne les producteurs de biens et services qui relèvent leurs prix», a-t-il poursuivi.
La flambée des prix des denrées alimentaires est sans précédent : ils ont atteint un nouveau record en mars et effacé le précédent plus haut de 2011, selon l’indice de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui inclut les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers.
Le blé importé à 85%
Dans son rapport intitulé «Un nouveau choc et une faible marge de manœuvre», le FMI juge «particulièrement préoccupante» la progression des prix du blé car l’Afrique sub-saharienne importe 85% de sa consommation de cette céréale, avec des montants particulièrement élevés en Tanzanie, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, et au Mozambique.
Plus largement, les importations de blé, riz et maïs représentent plus de 40% des calories consommées chaque jour par les habitants du Botswana, du Lesotho, de Maurice et du Cap Vert. L’organisation internationale, estime que les pays les plus fragilisés par l’insécurité alimentaire sont Madagascar, la République démocratique du Congo et les Etats autour du Sahel.
En 2008, la forte augmentation des prix des aliments de base avait précédé des mouvements de protestations plus ou moins violents, dénommés «émeutes de la faim» dans une trentaine de pays, dont le Sénégal, le Cameroun, ainsi qu’au Maghreb et dans les Caraïbes.
Pourtant la situation pourrait être pire cette fois selon le FMI qui souligne que «bien plus de pays d’Afrique sub-saharienne étaient en meilleure santé budgétaire en 2008-2009 pour absorber le choc».
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