La diplomatie iranienne s'est fermement opposée à un texte du Conseil des droits de l'homme créant une commission d'enquête sur les violences survenues au cours des manifestations qui agitent le pays, y voyant une violation de sa souveraineté.
Le ministère iranien des Affaires Etrangères s’est élevé contre une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU instaurant une commission d’enquête internationale sur la répression des manifestations en Iran.
Dans un communiqué publié le 24 novembre, il souligne que la République islamique d’Iran était opposée à la réunion spéciale de l’instance onusienne, dont il «rejette totalement» la résolution, votée le jour même. Ce texte présenté par l’Allemagne et l’Islande a été adopté par 25 «oui», 6 «non» et 16 abstentions, lors d’une réunion d’urgence à Genève.
Violation de la souveraineté nationale
Le ministère iranien assure que son pays «a déjà formé une commission nationale d’enquête composée d’experts juridiques, avec la participation de représentants indépendants», et considère donc «que la formation de tout nouveau mécanisme pour examiner les incidents de ces deux derniers mois en Iran est inutile et représente une violation de la souveraineté nationale du pays», ce qui l’amène à ne pas reconnaître la mission onusienne.
Toujours selon la diplomatie iranienne, «les autorités allemandes et les gouvernements qui se sont joints à elles […] ont proféré des allégations fausses et provocatrices sur la violation des droits de l’homme, des droits des femmes et des droits des enfants en Iran, que l’Iran a démenties». De surcroît, Téhéran juge que «cette résolution s’est faite sous la pression de certains lobbies politiques et s’appuie sur de fausses informations propagées par des médias anti-iraniens». «C’est une erreur stratégique de l’Allemagne et de certains pays occidentaux et le temps montrera que cet aveuglement sera préjudiciable à leurs intérêts», ajoute le communiqué.
Le Pakistan et le Venezuela dénoncent la «politisation croissante» du Conseil des droits de l’homme
Réunis en urgence à l’initiative de l’Allemagne et de l’Islande, les 47 Etats membres du Conseil des droits de l’homme ont décidé lors d’un vote de nommer une équipe d’enquêteurs pour faire la lumière sur les violations des droits humains liées à la répression des manifestations qui secouent l’Iran depuis deux mois.
Pendant les débats, le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dont la demande de visite en Iran est restée jusqu’à présent lettre morte, a appelé Téhéran à «cesser» son «usage inutile et disproportionné de la force». Parmi les pays opposés à la résolution, le Pakistan et le Venezuela ont dénoncé une «politisation croissante» du Conseil des droits de l’homme, critiquant son utilisation par les pays occidentaux pour imposer selon eux leurs vues et s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres pays.
La vague de contestation qui agite l’Iran est née à la suite de la mort d’une jeune femme, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict, qui oblige notamment les femmes à porter le voile islamique en public. Les protestations ont causé la mort de dizaines de personnes, du côté des manifestants comme des membres des forces de sécurité selon les autorités iraniennes.
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