Le ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire a annoncé avoir donné instruction au préfet d'étudier la décision de la ville de Grenoble d'autoriser le burkini dans les piscines. Il a également regretté une «provocation communautaire».
Gérald Darmanin a qualifié le 17 mai d’«inacceptable provocation communautaire» l’autorisation du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble, au cœur d’une polémique politique nationale. Le conseil municipal de Grenoble, dirigé par le maire écologiste Eric Piolle, a validé le 16 mai par une courte majorité une modification du règlement intérieur des piscines se traduisant par l’autorisation du port du burkini.
«M. Piolle, soutien de M. Mélenchon, joue l’inacceptable provocation communautaire, contraire à nos valeurs», a tweeté le ministre de l’Intérieur du gouvernement démissionnaire. «J’ai donné instruction au préfet de déférer en “déféré laïcité” la délibération permettant le port du “Burkini” et, le cas échéant, d’en demander le retrait», a-t-il ajouté.
M. Piolle, soutien de M. Melenchon, joue l’inacceptable provocation communautaire, contraire à nos valeurs. J’ai donné instruction au préfet de déférer en « déféré laïcité » la délibération permettant le port du « Burkini » et, le cas échéant, d’en demander le retrait.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 17, 2022
Le déféré préfectoral s’inscrit dans le cadre du contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales.
Un recours en justice déposé par l’opposition au conseil municipal
Par ailleurs, l’opposition au conseil municipal a déposé un recours en justice contre ce nouveau règlement intérieur. Il a été déposé en urgence auprès du tribunal administratif de Grenoble dans l’après-midi du 17 mai afin d’obtenir la suspension de la délibération adoptée la veille au soir par le conseil municipal, a indiqué à la presse l’ancien maire de droite et chef de file de l’opposition, Alain Carignon.
Le préfet de l’Isère avait déjà fait savoir dans la soirée du 15 mai, avant la délibération du conseil municipal, qu’il saisirait le tribunal administratif de Grenoble pour bloquer la mesure, sur instruction de Gérald Darmanin. Il devrait pour cela faire appel à une disposition introduite par la loi sur le séparatisme votée en août 2021, qui concerne les actes portant «gravement atteinte au principe de laïcité et de neutralité du service public».
Eric Piolle, qui a invoqué un combat «féministe», de «santé» et de «laïcité», s’est déclaré le 16 mai «ravi que le gouvernement […] attaque [la décision de la ville de Grenoble]», relevant qu’il n’avait «pas attaqué Rennes» lorsque cette ville avait pris une disposition similaire il y a quatre ans.
Le port du burkini était revendiqué par la controversée association Alliance Citoyenne, qui a organisé depuis 2019 plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises pour faire passer son message.
Le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, a accusé Eric Piolle d’«acter définitivement sa rupture avec la laïcité et les valeurs de notre République» et annoncé couper les subventions de la Région à la municipalité.
Le conseil municipal de Grenoble donne son feu vert au port du burkini dans les piscines