France

«Une voie dangereuse» : le Conseil d’État exige de l’Arcom de contrôler CNews et suscite des inquiétudes

Saisi par l’association Reporters sans frontières, le Conseil d’État a jugé le 13 février que l’Arcom devait évaluer le respect des obligations de la chaîne CNews en matière de pluralisme. La décision a provoqué de vives réactions de journalistes, d’avocats et de personnalités politiques.

«Vivement qu’une telle attention soit portée sur tous les autres médias», a ironisé la présentatrice de la chaîne télévisée CNews, Laurence Ferrari, après la décision du Conseil d’État, le 13 février. Les juges administratifs ont enjoint l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, à «prendre en compte la diversité des courants de pensée et d’opinions représentés par l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d’intervention des personnalités politiques».

À l’instar de la présentatrice vedette, des journalistes et politiques ont demandé que soit appliqué une même règle pour les autres médias. Ainsi, l’avocat Philippe Prigent s’interroge : «Le Conseil d’État pourrait-il étendre cette règle à BFM, LCI, TF1 et tout l’audiovisuel public ?»

«Qui jugera ? Selon quels critères ?»

Une question qui revient également dans un tweet de l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy qui déclare : «Logiquement, le Conseil d’État doit donc exiger que pour chaque média, le temps de parole de tous les chroniqueurs ou intervenants soit décompté selon leur orientation politique supposée. En commençant par le service public bien sûr… Qui jugera ? Selon quels critères ?»

Sur les ondes de France Info, c’est le député Rassemblement national Laurent Jacobelli qui s’est insurgé, décrivant des «attaques du Conseil d’État contre CNews». «S’occuper des opinions politiques des animateurs d’une chaîne privée nous engage sur une voie dangereuse», a-t-il remarqué.

La question de l’indépendance du Conseil d’État est aussi évoquée par maître Gentillet qui relève que le vice-président de l’institution  Didier Tatubeau, est un ancien directeur de cabinet de la maire socialiste de Lille Martine Aubry et de l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

La colère de Pascal Praud

Le présentateur phare de la chaîne de télévision Pascal Praud s’est lui montré très agacé. Face au président de l’association Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, à l’origine de la saisine du Conseil d’État, le journaliste s’est emporté ce 14 février, citant des invités de gauche qui refusent de venir sur son plateau : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, Jean-Luc Mélenchon ou encore la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Durant la même séquence, la journaliste Charlotte d’Ornellas a affirmé au patron de RSF qu’en abordant certains sujets qui n’étaient pas traités ailleurs, CNews répondait à «un manque de pluralisme». Ce 14 février toujours, le journaliste Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au Point, a déploré une décision inquiétante en s’indignant : «On est en train d’aller vers un gouvernement des juges […] C’est […] hallucinant de connerie.»

Le 13 février, Pascal Praud avait affirmé devant ses chroniqueurs qu’il attendait que «le Crif saisisse l’Arcom ou le Conseil d’État pour qu’ils regardent comment France Inter et France Télévisions traitent l’attaque du Hamas du 7 octobre».

Quelques personnalités se sont néanmoins félicitées de la décision du Conseil d’État. Pour les responsables de Reporters sans frontières, il s’agit là d’une «grande victoire pour RSF» mais surtout d’une «décision historique pour la démocratie et le journalisme». Coté politique, le député de La France insoumise Aurélien Saintoul a également réagi : «Le Conseil d’État demande à l’Arcom de faire respecter le pluralisme sur CNews !»

Le président de l’Arcom estime que CNews «respecte strictement le pluralisme politique»

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