En dévoilant les grands contours du dispositif de sécurité durant les Jeux olympiques de Paris le 28 novembre, le préfet de police de la capitale Laurent Nuñez a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Zone de restriction en matière de circulation, enregistrement des personnes désirant circuler à certains endroits sur une plateforme en ligne : le dispositif de circulation dans Paris pour les Jeux olympiques d’été de 2024 a été présenté le 28 novembre par le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, au journal Le Parisien.
Cette organisation suscite déjà des critiques sur la toile. «Le gouvernement de 1984 se met en place pour les JO. Danger», a ainsi réagi sur X (ex-Twitter) l’économiste Philippe Murer, qui ne mâche pas ses mots sur ces annonces du préfet de police de Paris. Il énumère un ensemble d’éléments qu’il estime nuisibles pour les libertés, parmi lesquelles le «QR code pour circuler à Paris à pied ou en voiture» pendant les JO, ainsi que la «mise en place de caméras de reconnaissance faciale». En mars, les députés avaient donné leur feu vert au recours à la vidéo-surveillance algorithmique.
«L’enfer programmé des JO»
Le journaliste Alexis Poulin évoque de son côté «l’enfer programmé des JO» et déplore «encore plus d’horreurs totalitaires de techno contrôle».
Didier Rykner, fondateur de La Tribune de l’Art et observateur de la vie parisienne, met en cause la maire de Paris Anne Hidalgo qu’il estime responsable aux côtés du gouvernement, s’emportant contre «des dingues totalitaires, tous».
«Ça fait envie, ces JO», lâche ironiquement le sociologue et chroniqueur québécois Mathieu Bock-Côté. Son confrère au Figaro, Paul Sugy, s’inquiète lui du retour du QR code.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.
Une période et un endroit à fuir. #JO2024https://t.co/qr4otw9TIy
— Virginie Joron (@v_joron) November 29, 2023
Côté politiques, quelques rares voix se sont élevées, à l’image de l’eurodéputée du RN Virginie Joron et du député et ancien candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan. «Nous sommes dirigés par des fous qui confinent les citoyens sur demande», estime ainsi ce dernier.
Un dispositif sécuritaire lourd
Le préfet de police de Paris a expliqué la mise en place de quatre zones à proximités des sites olympiques avec deux niveaux de sécurité. Le premier consistera en un «périmètre organisateur» autour des sites où auront lieu les épreuves. Seules les personnes accréditées et munies d’un billet pourront y entrer. Le deuxième sera un «périmètre de protection», autour du premier. «Pour y entrer, tout le monde est fouillé», assure le préfet, qui précise que ce périmètre «n’englobe en général pas de riverains, sauf pour la cérémonie d’ouverture».
Quant à la circulation des voitures et des deux-roues motorisés, une zone bleue et une zone rouge cohabiteront. La bleue sera autorisée aux résidents ou aux personnes qui justifieront d’une activité économique (restaurants, commerces), des contrôles ayant cours. La rouge sera interdite à la circulation, sauf dérogation «en raison du flux piétonnier important et des risques d’attaque à la voiture-bélier ou de perturbations».
La sécurité des JO à Paris est un sujet récurrent dans les médias en France, pays d’Europe le plus touché par les attentats islamistes ces dernières décennies.
Au-delà du dispositif lui-même, la capacité de l’Etat à en assurer le bon fonctionnement interroge. Selon un rapport sénatorial, il manquerait encore «environ 8 000 agents sur les 20 000 nécessaires», ébruitait le 28 novembre Le Monde. En juillet 2022, Le Canard enchaîné révélait un rapport alarmiste de la Cour des comptes, préconisant notamment d’aménager le calendrier des épreuves autour de la cérémonie d’ouverture afin d’«alléger la pression sur les forces de sécurité».
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