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Rassemblement des Kurdes à Paris : «La communauté kurde réclame protection et vérité» (ENTRETIENS)

De nouveaux débordements ont émaillé un rassemblement de Kurdes à Paris, en hommage aux victimes de la fusillade qui a fait trois morts la veille. Pour Besma Maghrebi et Noam Anouar, les Kurdes ne se sentent pas protégés par l’Etat français.

Scènes de chaos à Paris en cette veille de Noël. Un rassemblement de Kurdes, en hommage aux victimes de la fusillade, qui a eu lieu le 24 décembre dans le Xe arrondissement de la capitale et où trois personnes ont été tué, a dérapé place de la République. Des véhicules ont notamment été retournés, incendiés, en marge de heurts avec les forces de l’ordre.

Qualifiant ces violences «d’extrêmement graves» et «inadmissibles», l’avocate Besma Maghrebi relève en outre auprès de RT France l’incompréhension des Kurdes que la qualification d’attaque terroriste n’ait pas été retenue par le parquet. Ce dernier privilégie en revanche le mobile raciste, qui plus est après des aveux du suspect. 

Le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) voit quant à elle dans la tuerie du 23 décembre «des assassinats politiques».

Besma Maghrebi

Cette qualification retenue par le parquet n’est pas acceptée par la communauté kurde, parce qu’ils sont convaincus que c’est un acte terroriste

«Je pense que c’est le nœud du problème et que c’est la raison pour laquelle la manifestation est en train de tourner à la violence», a estimé l’avocate dans l’après-midi de ce 24 décembre. «Cette qualification retenue par le parquet n’est pas acceptée par la communauté kurde, parce qu’ils sont convaincus que c’est un acte terroriste et ils attendent que la qualification retenue soit celle-là», a-t-elle poursuivi, tout en insistant sur le fait que cela ne «justifie absolument pas» ces nouveaux débordements.

Insécurité : les Kurdes victimes du laxisme des autorités françaises ?

Peu après la fusillade, qui a eu lieu aux abords du centre culturel kurde Ahmet-Kaya rue d’Enghien le 23 décembre, des Kurdes avaient manifesté leur colère, donnant lieu à des échauffourées avec la police. Pour Noam Anouar, ancien policier et lanceur d’alerte, qui dit «comprendre l’exaspération de la communauté kurde», le manque de sécurité en France serait également au cœur de cet élan de colère.

«Non seulement ce crime est abject, mais c’est la deuxième fois qu’un crime se produit à l’encontre de cette communauté, exactement au même endroit, en France, où la sécurité est un droit fondamental», a-t-il développé. Une référence à l’assassinat en janvier 2013, dans les locaux du Centre d’information sur le Kurdistan rue Lafayette – à quelques centaines de mètres du centre culturel Ahmet-Kaya – de trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Aux yeux de Noam Anouar, les Kurdes sont «des victimes parmi d’autres» de la «déliquescence» d’un Etat français «impuissant à les protéger». «Cela suffit, nous avons essuyé un certain nombre de drames», a-t-il déclaré, avant de développer : «Il faut travailler efficacement, c’est-à-dire analyser les dossiers, repérer les menaces, les prévenir – les anéantir au besoin- mais ne pas se contenter de laisser les évènements et la fatalité frapper le territoire français et se confondre en condoléances à chaque fois.»

Le tueur «ne doit absolument pas ressortir»

S’il «n’y voit pas la main de la Turquie» et bien que le tireur ait pu agir seul, Noam Anouar estime «que tous les ingrédients qui pourraient permettre une qualification par le parquet national antiterroriste sont présents». Ainsi, pour l’ancien policier, le parquet national antiterroriste «devrait se repencher sur le dossier et le requalifier en acte terroriste.»

Les Kurdes exaspérés par un sentiment d’insécurité ? Besma Maghrebi abonde dans ce sens. «Il faut les rassurer, il faut qu’il se sentent en sécurité et ils ne pourront avoir ce sentiment-là qu’à la suite de mesures concrètes qui pourraient être mises en place par le gouvernement.» Pour l’avocate, en prime de la réponse sécuritaire, celle de la justice doit également être «à la hauteur de l’atrocité» commise, avec une peine «extrêmement ferme». «Cet individu ne doit absolument pas ressortir», estime-t-elle.

«Quand on dit qu’il y a police partout et justice nulle part, c’est ça !», s’indigne un manifestant Kurde au micro de RT France, ne comprenant pas que la police soit plus pro-active à contenir les manifestations qu’à empêcher une fusillade.

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