La livre et l'euro ont fini la semaine à des niveaux plus vus depuis des décennies face au dollar, les devises européennes souffrant des craintes de récession. Le yen résiste, mais le gouvernement a reconnu être intervenu sur le marché des changes.
Vers 08h50 GMT (10h50 à Paris), la livre plongeait de 0,89% à 1,1161 dollar après avoir reculé à 1,1151 dollar, un niveau plus vu depuis 1985, tandis que l’euro perdait 0,79% à 0,9758 dollar après avoir baissé à 0,9751 dollar, un seuil plus atteint depuis 2002.
Depuis le début de l’année, face au rouleau compresseur du dollar, l’euro chute de 14% et la livre de 17%. Directement affectées par la flambée du cours du gaz depuis le début du conflit en Ukraine, les économies européennes accumulent les signes de faiblesse.
En zone euro, le recul de l’activité économique s’est accéléré en septembre dans le secteur privé, selon l’indice PMI. Outre-Manche, la Banque d’Angleterre estime que le Royaume-Uni est déjà entré en récession au troisième trimestre.
Un tableau morose qui détourne les investisseurs de l’euro et de la livre, malgré des hausses marquées des taux en septembre par les banques centrales.
A l’inverse, «les Etats-Unis sont dans une position unique, avec une inflation élevée et une croissance qui persiste mieux qu’ailleurs, ce qui veut dire que la Réserve fédérale américaine (Fed) a à la fois des raisons et des moyens de remonter ses taux plus vite et plus loin que ses pairs», explique Mark Haefele, analyste chez UBS.
Le yen fait de la résistance
«La tendance de la paire euro-dollar ne va pas changer tant que l’appétit pour le risque est absent du marché en raison des inquiétudes sur le conflit Ukraine-Russie», ce qui profite au billet vert, valeur refuge, abonde Francesco Pesole, analyste chez ING.
Le yen reculait pour sa part de 0,23% à 142,72 yens, résistant un peu mieux que les devises européennes. Le 22 septembre, la Banque du Japon a maintenu sa politique monétaire ultra-souple mais le ministère des Finances a déclaré être intervenu sur le marché des changes pour soutenir le yen.
«Le mouvement a fonctionné, mais la question est de savoir pour combien de temps», prévient Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. «Le maintien du soutien du yen nécessitera une intervention continue pendant une période prolongée et constituera un test pour la détermination et la capacité des autorités japonaises », juge-t-il.
L’euro sous le dollar : «Un signal de faiblesse», selon Philippe Murer